19 décembre 2005

RDC: le premier scrutin démocratique depuis 40 ans.

- Le premier scrutin démocratique national organisé en RDC depuis 40 ans a eu lieu dimanche, les Congolais étant invités à se prononcer sur une constitution destinée à mettre fin à des décennies de dictature, de guerre et d'anarchie.
Des incidents et des violences ont été constatés aux abords des bureaux de vote, qui ont parfois ouvert avec retard. Ils demeureront ouverts lundi pour favoriser la participation.
"Je ne sais pas ce qu'il y a dans la constitution. Ce que je sais, c'est que le scrutin d'aujourd'hui est un scrutin pour la paix. Quiconque vote non est un ennemi de la paix", a déclaré Janvier Eilimwa, un chauffeur de taxi de Goma, dans l'ouest.
Des observateurs de l'Union européenne ont affirmé que la participation était globalement élevée dans tout le pays.
A Kinshasa, les forces de sécurité ont affronté une vingtaine de jeunes devant un bureau de vote qui disaient aux électeurs de soutenir le "non". Ils ont commencé à jeter des pierres sur les policiers. Un de ces jeunes a été arrêté.
DEUX MORTS A GOMA
"Ici, le taux de participation est très bas. Pourtant, ce bureau était bondé le jour des inscriptions sur les listes électorales. Peut-être est-ce dû aux appels au boycott et aux craintes de violence", a dit Patrick Bovile, un observateur, près d'un bureau de vote du quartier de Matonge, dans la capitale.
Un bébé de quatre mois et une femme ont péri à Goma dans deux bousculades distinctes aux abords de bureaux de vote.
"Les gens qui cherchaient à atteindre le bureau de vote ont marché sur le bébé qui est mort instantanément", a dit un responsable local. La mère du nourrisson l'avait laissé tomber dans la bousculade.
A Goma toujours, des policiers ont frappé une vingtaine de personnes avec leurs matraques en tentant de discipliner une foule de quelque 200 personnes afin qu'elle forme une file unique devant un bureau de vote, a constaté un journaliste de Reuters sur place.
Cette ville a été le théâtre d'autres incidents impliquant des Banyamulenge, ou Congolais parlant la langue Kinyarwanda du Rwanda voisin, auxquels certains reprochent d'avoir soutenu les forces rwandaises pendant la guerre qui a ensanglanté pendant cinq ans la RDC et à laquelle ont pris part cinq armées étrangères.
"Il y a eu de gros affrontements entre électeurs congolais et électeurs parlant le Kinyarwanda, accusés par leurs collègues d'être rwandais et de ne pas avoir le droit de voter aujourd'hui", a déclaré une porte-parole de l'Onu, Jacqueline Chernard, à Reuters.
DECENTRALISATION
Ce référendum marque une première étape vers la tenue d'élections l'an prochain, et vise à mettre un terme au dernier conflit qui a déchiré le Congo.
Quelque 25 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales pour le référendum et en cas de victoire du "oui", une série d'élections - présidentielle, législatives et locales - seront programmées d'ici la fin juin 2006, en vertu d'un accord de paix conclu en juin dernier.
Si le "non" l'emportait, il faudrait revoir le projet de constitution, organiser une nouvelle consultation référendaire et, affirment de nombreux Congolais, rouvrir des négociations avec les principaux acteurs de la vie politique.
Le texte prévoit la mise en place d'un système politique décentralisé où les administrations provinciales détiendront le pouvoir décisionnel pour les questions locales et contrôleront 40% des fonds publics.
Il limite par ailleurs à deux le nombre de quinquennats que peut effectuer un président, et contraint le président à nommer un Premier ministre issu de la majorité parlementaire.
Le succès du scrutin est considéré comme crucial pour la consolidation de la paix dans ce pays immense riche en ressources minières mais dépourvu d'infrastructures de base.
Plusieurs milliers d'hommes armés sèment toujours la terreur parmi les populations civiles de l'est de la RDC, où ils violent, tuent et pillent.
Des opposants à l'actuel gouvernement intérimaire d'union nationale, où siègent d'anciens rebelles, ont fait campagne pour le "non" à la constitution.
Source: reuters kinshasa.

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