08 février 2006

RDC: Le Sg du PPRD reconnaît la force de frappe de l'UDPS de Tshisekedi wa Mulumba.


Selon Vital Kamerhe, Sg du Pprd
L’élection présidentielle opposera Kabila à Tshisekedi
Par Le Potentiel


Que l’on soit d’accord avec lui ou pas. Que l’on condamne ses habitudes, ses méthodes ou sa stratégie, Tshisekedi demeure, jusqu’à preuve du contraire, incontournable. Tant sur le plan interne qu’externe. Toutes les conciliabules en gestation et en cours de ces derniers jours tournent autour de lui.
Dans une interview accordée à la Voix de l’Amérique, Vital Kamerhe, Secrétaire général du Pprd, le parti qui vient de demander au président de la République, Joseph Kabila, d’accepter d’être son candidat, s’est exprimé quasiment en ces termes : « Joseph Kabila aura pour principal concurrent aux prochaines élections présidentielles Etienne Tshisekedi, président national de l’Udps (Union pour la démocratie et le progrès social). Je reconnais la popularité du leader de l’Udps mais regrette son comportement rétrograde, car M. Tshisekedi continue à traiter M. Joseph Kabila comme Mobutu. Le président Joseph Kabila ne mérite pas ce traitement pour autant qu’ il a beaucoup contribué à la pacification du pays ». Fin de citation
Le message est clair. Il n’y a pas meilleure illustration que cette déclaration de Kamerhe pour confirmer que le temps béni des calculs politiques en prévision des élections a bel et bien sonné.
TSHISEKEDI : LE MAL AIME
Mais il faut se rendre à l’évidence d’une chose à travers ces propos du Secrétaire général du Pprd. Qui vient d’écarter tous les autres concurrents pour ne maintenir que Tshisekedi face à Joseph Kabila. Ceci nous rappelle un peu ce qui s’est passé lors du Dialogue inter-congolais.
Le même climat avait prévalu tout au long des travaux et les commentaires allaient bon train à l’Hôtel Cabanas de Sun City où était logé le gros de la délégation congolaise.
Les stratégies mises en place visaient à isoler Tshisekedi qui ne s’était pas prié, par deux fois, pour afficher ses couleurs de candidat président de la République. A cette époque, l’alliance Rcd-Mlc était si redoutable que l’ex-composante gouvernement s’était repliée sur une bonne partie de l’Opposition politique et la Société civile afin d’ imposer un certain équilibre dans les discussions et négociations. Elle est même parvenue, avec les accords de l’Hôtel Cascades, toujours à Sun City, à s’attirer la sympathie du Mlc et briser l’alliance qui la liait au Rcd.
C’est alors que cette composante s’est tournée vers Tshisekedi pour infliger un véritable camouflet au « Camp de la Patrie » en créant l’Alliance pour la sauvegarde du dialogue, Asd. Mais c’était sans compter avec les retournements politiques. Car, une fois qu’ il a été question de « partage du pouvoir », Tshisekedi a été oublié, poussé à l’ auto-exclusion.
Mais à force de chasser le naturel, il revient toujours au galop. Dans ces prévisions de disposer des élections sereines, les préoccupations gravitent, une fois de plus, autour de Tshisekedi. Des pressions ont été exercées pour qu’il s’implique dans le processus électoral pendant que d’autres réalités politiques saluaient déjà son exclusion.
Cependant, la réponse accordée à l’Udps et à son président national n’est pas du tout satisfaisante, quelles que soient les raisons évoquées. Elle est d’une subtilité qui confirme toujours cette tendance à l’exclure des élections. Ce qui explique les tractations de derniers jours qui connaissent même la participation des partenaires extérieurs. Bien entendu qu’ils sont divisés au regard de la position de leurs gouvernements respectifs et pour des raisons politiques qui leur sont propres.
Il est vrai que dans ces milieux des partenaires extérieurs, il se dégage qu’il est «impossible de procéder à la réouverture » des bureaux d’enrôlement de peur de perturber le calendrier électoral. Mais par contre, ils laissent la porte ouverte à Tshisekedi ainsi qu’à d’autres personnalités de son camp disposées à se porter candidates à différents échelons. Elles se feront donc enrôlées le même jour du dépôt de leurs candidatures. Une solution pour ne pas écarter Tshisekedi compte tenu justement de cette popularité. Bien entendu, ils critiquent sa « stratégie », mais tiennent coûte que coûte que les élections se déroulent avec lui. Drôle d’amour.
Il nous revient par ailleurs que le nouveau président en exercice de l’Union africaine oeuvre également dans cette voie. Président de la République du Congo ; Denis Sassou Nguesso est mieux placé que quiconque pour que les élections en Rdc se déroulent dans de bonnes conditions dans la perspective d’une après-élection apaisée. Quand on sait qu’ à l’Est de la Rdc, au Kivu précisément, le torchon continue à s’allumer, Sassou est pour un processus électoral inclusif.
Il l’aurait dit à Swing, représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en Rdc et responsable de la Monuc, lors de son dernier séjour à Brazzaville. La substance de cet entretien est aujourd’hui partagée dans tous les milieux diplomatiques à Kinshasa dans l’espoir de solliciter l’avis respectif des gouvernements des pays membres du Ciat. Le mémo remis au Ciat par les compagnons d’Etienne Tshisekedi pour dénoncer la tentative d’exclusion de l’Udps s’inscrit également dans le même contexte.
L’ÉVIDENCE
A bien examiner toutes ces tractations, Tshisekedi passe bien pour le « mal aimé ». Nombreux sont ceux qui le craignent, à cause de sa popularité et de la force de pénétration de son parti, Udps. Mais nombreux sont également ceux qui reconnaissent qu’exclure ou pousser Tshisekedi à l’auto-exclusion, c’est pareil, serait une erreur politique éléphantesque.
En effet, comme le disait si bien le cardinal Frédéric, l’important c’est de reconnaître que maintenant l’Udps a reconnu, de son côté ,qu’il est temps d’aller aux élections avec les autres. C’est cela le plus important et le pays tout entier y gagnerait.
En reconnaissant la popularité de Tshisekedi, bien qu’il condamne ses méthodes, le Secrétaire général du Pprd confirme les non dits du cardinal Etsou. Que Tshisekedi n’est pas une réalité politique que l’on doit négliger. Pour preuve, il est au centre de tous les calculs politiques.
Il revient à Tshisekedi et à l’Udps de prendre également la mesure de tous ces calculs politiques dans le but de se comporter en conséquence. Le risque serait, comme ce qui s’est passé à Sun City, de voir l’Udps être seule contre tous. Or, cette probabilité de retrouver Joseph Kabila et Tshisekedi est envisagée au deuxième tour de l’élection présidentielle.
Il n’y aura plus une autre opportunité. Seule la plate-forme qui aura scellé des alliances à temps verra son candidat remporter l’élection à la magistrature suprême.

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