31 août 2006

RDCONGO: Présidentielle 2006, les arbitres du deuxième tour: Gisenga, Nzanga, Kashala et Tshisekedi.

Par Le Potentiel.
Entre deux séances de travail au quartier général de la Monuc sur la « querelle Kabila-Bemba », le cap est mis vers le second tour de l’élection présidentielle. Il n’en serait autrement dès lors que les élections demeurent à l’ordre du jour pour la sortie du tunnel. L’heure est donc aux tractations à la recherche de la majorité relative dans la perspective de devenir le cinquième président de la République de la RDC.
Le deuxième tour pointe à l’horizon. Qui de J. Kabila et de JP Bemba l’emportera ? Il est difficile de répondre à cette question tant il demeure vrai que les données du premier tour ne sont pas nécessairement celles du second tour.
Certes, conscients qu’aucun des candidats parmi les 33 retenus à l’élection présidentielle ne l’emporterait au premier tour, ces candidats, avaient déjà mis sur pied des plates - formes pour réunir le plus grand nombre de voix. Ainsi, le camp Kabila s’était appuyé sur l’Alliance de la majorité présidentielle, AMP ; celui de Bemba reposait sur le Regroupement national des Congolais, Renaco; le candidat Pay Pay était le leader de la Codeco. Oscar Kashala avait l’ Urec et Alliés, Nzanga Mobutu s’était appuyé sur l’Udemo, etc.
Au regard des résultats provisoires qui imposent un second tour de l’élection présidentielle, les donnes ne sont plus les mêmes. Il faut songer à reformuler les plates-formes afin de donner une nouvelle impulsion à la prochaine campagne électorale. Les arbitres
Cette reformulation des nouvelles alliances repose sur les personnalités qui, après J. Kabila et JP Bemba, se sont classées en ordre utile. Mais il faut surtout prendre en compte leur forte personnalité politique au regard de leur taux de pénétration au sein de la population, en plus de ce fait qu’elles disposent réellement d’un électorat naturel. Ce sont ces personnalités politiques qui vont départager J. Kabila de Bemba. Les arbitres du deuxième tour.
En ordre utile, il y a bien sûr en premier lieu Antoine Gizenga, Secrétaire général du Palu. Il accuse 13% des suffrages exprimés, se classant ainsi troisième après Kabila et Bemba. L’alliance avec Gizenga aura une grande influence sur l’un ou l’autre candidat. En effet, le secrétaire général du Palu dispose d’un électorat sûr et naturel. Mais en plus discipliné. S’il est écouté, son seul mot d’ordre pourrait rassurer son allié. Pas du tout surprenant qu’avec la mise en place de cette nouvelle plate-forme dans le camp Kabila, le « Regroupement pour l’unité », Gizenga soit ardemment sollicité. Les tractations seraient très avancées et il ne resterait qu’à se mettre d’accord sur les engagements à respecter, les uns vis-à-vis des autres, en tenant compte des intérêts mutuellement réciproques.
Admettons que, Kabila qui a enregistré 44,81% des suffrages exprimés au premier tour, réalise toujours en son propre compte 38%. Si Gizenga lui apportait 8% de ses voix, il compterait 46% des suffrages, un score qui pourrait lui assurer la victoire finale.
Outre Gizenga, le camp Kabila qui, au regard de cette reformulation des alliances, a comme philosophie l’unité nationale, Nzanga Mobutu aurait également été sollicité. Si les pourparlers aboutissaient, ce serait également un allié potentiel qu’on arracherait à Bemba. Mais la fibre Mobutiste pourrait être un grand obstacle pour la conclusion d’un accord avec le camp Kabila.
Il y a ensuite la « révélation » de ces élections, Oscar Kashala. Il est courtisé par les deux camps tant son discours a convaincu une partie importante de l’électorat congolais. Cependant, il se pose un réel problème politique sur l’électorat naturel de Oscar Kashala. Car, nombreux sont ceux qui continuent à affirmer que l’absence de Tshisekedi lui a été favorable lors du premier tour. En sera-t-il de même lors du second tour ?
Puisque nous parlons de Tshisekedi, « le lion du Kasaï » a toujours un mot à dire. Son charisme est indiscutable en plus d’un électorat naturel discipliné. Il l’a prouvé dans l’appel au boycott. Or, pour que cet électorat lui obéisse, il faudrait qu’il parle personnellement. Son silence pourrait être interprété comme un refus d’appuyer l’un ou l’autre candidat. Quitte à ses combattants qui s’étaient enrôlés de « voter en âme et conscience » pour le candidat de leur choix.
C’est ici que s’offrent des opportunités pour JP Bemba qui a réuni 20% des suffrages exprimés au terme du premier tour. Il faudrait qu’il y ait une forte participation de l’électorat de l’Ouest, ensuite que les sympathisants de Kashala, de Tshisekedi et de Nzanga votent pour lui. Ceux qui ont un faible pour les calculs de probabilité relèvent que si Bemba récoltait 18% au second tour, et que l’électorat de Tshisekedi-Kashala, et de Gizenga-Nzanga, lui donnait respectivement 20% et 12%, il atteindrait la barre de 50% des suffrages exprimés. Les bulletins nuls aidant, il pourrait sortir vainqueur.
L’abstention.
L’une des caractéristiques classiques des seconds tours demeure incontestablement le taux élevé d’abstention. Selon le rapport de la CEI, l’on a enregistré un taux de participation de l’ordre de 70% lors du premier tour. Il n’en sera pas nécessairement de même au second tour. A moins que les candidats en compétition rivalisent d’éloquence pour susciter plus d’enthousiasme au sein de la population afin de la pousser à aller voter massivement.
L’autre caractéristique du deuxième tour est le groupe des « irréductibles ». Dès lors que leur candidat n’est pas parvenu à se classer en ordre utile, le vote n’a plus de sens pour eux. Ils n’iront pas voter. Ce qui aura un impact négatif sur le taux de participation et fatalement sur le nombre de voix à recueillir par chaque candidat.
Enfin, il y a lieu de ne pas s’endormir sur un « électorat discipliné ». Cette discipline ou soumission aveugle pourrait devenir une notion abstraite. Il n’est pas acquis que tous les sympathisants de Gizenga, Nzanga Mobutu, Kashala et Tshisekedi obéiront à la lettre au mot d’ordre de leurs leaders. Ils peuvent facilement tout autant désobéir et opter pour un autre mode de vote. Soit voter pour le candidat qui aura tenu un beau discours électoraliste où ils se retrouveraient, soit ils vont s’abstenir.
Une analyse sereine de tous ces paramètres révèle la complexité du second tour. Elle permettra de mieux reformuler les nouvelles alliances et de lever des options porteuses d’espoir sur des stratégies électorales. Plutôt que de verser dans la démagogie.
En fait, lors du second tour, il n’est pas question de s’appuyer sur des slogans qui ont précipité les événements malheureux des 20, 21 et 22 août 2006. Une nouvelle orientation du discours politique s’impose. Un discours politique qui rassure le peuple congolais de la capacité du futur président de la République d’être un rassembleur, une personnalité politique éprouvée apte à faire face aux défis de l’unité nationale, du progrès social et d’un développement durable.

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