Justin Bitakuira ( Député national )
Par medard muyaya
1. La démission d’Antoine Gizenga a été diversement accueillie par les Congolais. Quel est votre point de vue à ce sujet ?
Je voudrais dire que la nomination d’un Premier ministre relève des prérogatives du chef de l’Etat. Je suis certain que c’est en âme et conscience qu’il a pu prendre cette décision qui engage effectivement tout l’avenir de notre pays. Mais, la plupart des collègues du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la province Orientale, avons émis un doute sur la capacité réelle du Premier ministre Adolphe Muzito notamment sur la situation de l’Est qu’il maîtrise moins. Malheureusement, cette position nous fait de temps en temps vilipender, caricaturer. Mais, nous disons que le chef de l’Etat Joseph Kabila n’a pas un stock d’années inépuisables qu’il faut gaspiller dès lors qu’il n’en a que cinq. Donc, je dis qu’il a pris la responsabilité d’engager sa législature où on ne peut juger le maçon qu’aux pieds du mur. Pour ne pas être maléfique, nous ne pouvons que souhaiter bonne chance à ce nouveau Premier ministre. Mais, si le chef de l’Etat a déshabillé St Pierre pour habiller St Paul, la population qui le regarde avec douleur d’ailleurs, aura du mal à demander sa reconduction en 2011 à condition qu’un vrai changement s’opère.
2. Le Grand Kivu et la province Orientale tiennent-ils à voter contre l’investiture du gouvernement Muzito?
Il faudrait éclairer l’opinion à travers votre journal. Nous avons dit dans notre déclaration que nous nous prononcerons le moment venu. Après, certes, une appréciation objective et du Premier ministre et des membres du gouvernement qui vont le composer. Donc, nous n’avons pas encore dit que nous voterons contre. Et la phrase s’est limitée là-bas. Ceux qui disent que nous allons voter contre, ont lu la lettre dans l’enveloppe. Nous continuons à dire que s’il y a deux gouvernements qui vont se succéder dans ce pays pour ne pas apporter des solutions aux douleurs de nos populations de l’Est et de nos électeurs en tant qu’élus, nous nous assumerons en leur faveur.
3. Le nombre de déplacés ne fait qu’accroître à l’Est du pays. Ne craignez-vous pas de continuer à crier dans le désert ?
Vous savez que je ne cesse de m’emporter contre l’AMP bien qu’étant membre. Je compare l’AMP au comité central du parti- Etat sous la deuxième République qui était chargé d’orientation et de la conception de la politique gouvernementale. Et c’est au sein de l’AMP que sortent effectivement les différents Premiers ministres, ministres et gouverneurs avec la coalition AMP-PALU-UDEMO. Mais il n’y a aucune politique que l’AMP a mise sur pied afin de faire vivre la nation que réellement nous sommes en guerre. On la voit surgir que lorsqu’il s’agit du partage du pouvoir. Si un étranger atterrissait à Kinshasa et à travers nos différents médias, on se demande s’il constatera que le pays est en guerre. Peut-il se dire qu’il y a 2000.000 des déplacés de guerre plus qu’au Darfour ? Rien du tout. Donc, il n’y a aucune politique véritable et sincère devant faire vivre à l’opinion tant nationale qu’internationale l’état de guerre. Toutes les tergiversations auxquelles nous sommes en train d’assister, il faut d’abord dire aujourd’hui que ceux qui nous agressent avec à la tête Laurent Nkunda, non seulement, il a beaucoup de compagnons d’armes dans notre armée, mais il y a autant de complicités morales, matérielles et physiques qui font à ce que cette guerre devienne comme du théâtre. Tel prend et remet à l’autre. J’ai suivi la déclaration du Conseil de sécurité qui demande à Laurent Nkunda de cesser le feu et non pas déposer les armes. Donc, c’est déjà une rébellion officialisée même à travers la communauté internationale. Donc, c’est une guerre que le gouvernement, à travers son comité central (AMP) doit prendre à bras-le-corps et impliquer tout le monde.
4. A l’allure où vont les choses à l’Est, il y a lieu de croire que la Monuc est complice de la rébellion.
Je cite un proverbe que j’adresse en même temps à la Monuc, au Programme Amani et au gouvernement de la République. Quand un chien devient fou, on ne l’amène pas dans un groupe de prière. On cherche des cordes pour le ligoter et le pendre loin du village. Donc, ces rebelles sont des chiens fous. Ce n’est pas la Bible de Malumalu qui va les ramener à la raison. Il faut tout faire pour les ligoter. Si la communauté internationale est incapable de nous aider à les ligoter, je me dis que sa présence ne se justifie plus dans ce pays. Si notre armée n’est pas capable de mettre fin à cette guerre, je leur propose une dose notamment de former un corps d’élites, composé spécifiquement des Maï-Maï qu’on peut leur donner d’ailleurs et dans soixante-douze heures, vous apprendrez de nouvelles sur Nkunda et sur sa rébellion.
5. Que pensez-vous de ceux qui proposent au chef de l’Etat de décréter un Etat de siège?
Cet Etat de siège n’a que trop duré. Quand vous apprenez qu’une rébellion vous surprend et vous arrache un grand camp militaire comme Rumangabo, mais la patrie est en danger de mort. Le chef de l’Etat doit s’assumer et comprendre que nous sommes en guerre.
source: lepotentiel
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