L'organisation congolaise "Journaliste en danger" (JED) a "vigoureusement" dénoncé vendredi la multiplication des atteintes à la liberté d'expression des medias par les autorités de la République démocratique du Congo (RDC).
"JED dénonce vigoureusement des forces occultes qui tendent (...) à confisquer au public son droit d'entendre tous les sons de cloche dans la crise" qui secoue l'Assemblée nationale de la RDC, déclare l'ONG dans un communiqué transmis à l'AFP. "Ces forces occultes veulent également imposer un black-out total sur le président de l'Assemblée Vital Kamerhe dans certains médias, particulièrement dans l'audiovisuel", selon l'ONG.
Une crise est ouverte à l'Assemblée depuis que le parti majoritaire, l'Alliance présidentielle, exige la démission de Vital Kamerhe à qui elle reproche d'avoir désavoué publiquement le président Kabila, en qualifiant de "grave" l'entrée le 20 janvier des soldats rwandais dans l'est du pays, après un accord entre Kinshasa et Kigali.
Depuis, constate JED, "les medias, à Kinshasa comme en province, paient les frais de (cette) crise". Les journalistes ont été empêchés lundi par la police d'assister à Kinshasa à la séance d'ouverture de l'Assemblée, boycottée par les députés de la majorité. "La RTNC (télévision publique), pour la première fois depuis le début de la législature (en 2006), a boycotté la retransmission en direct des cérémonies solennelles de la rentrée à l'Assemblée et au Sénat", souligne JED.
Le même lundi, selon JED, le signal d'une télévision privée (Télé 7) a été interrompu durant 5 heures, peu après la diffusion d'une interview du président de l'Assemblée.
Jeudi, une autre télévision privée, Antenne A, a vu son signal coupé alors qu'elle diffusait une émission consacrée à la crise à l'Assemblée.
JED constate que ces actes d’harcèlement contre les médias ne se limitent pas à la capitale Kinshasa.
En effet, vendredi 20 mars 2009, Dominique KALONZO, journaliste à la radio LE MESSAGER DU PEUPLE émettant à Uvira (deuxième ville de la province du Sud-Kivu, à l’est de la RDC) a été violemment pris à partie par le Colonel Chiwamo, commandant 13ème bataillon intégré basé à Uvira, qui lui reprochait d’avoir diffusé, sans son aval, une information sur une marche de soutien à Vital Kamerhe organisée le 13 mars 2009 et menaçait de fermer la radio.
Contacté au téléphone par JED, vendredi 20 mars 2009, le colonel Chiwamo a reconnu avoir parlé au journaliste mais a minimisé l’incident. « Je lui ai parlé en ami », a conclu le colonel parlant à JED depuis Uvira. Déjà le 14 mars 2009, le journaliste avait été entendu sur procès verbal à l’antenne locale de l’ANR (Agence Nationale des Renseignements) sur la même affaire.
Au regard de tout ce qui précède, JED voudrait attirer l’attention du pouvoir en place et plus particulièrement du gouvernement du premier ministre Adolphe Muzito, sur la grave dérive totalitaire qui tend à s’installer dans ce pays, près de trois ans après les élections, par la confiscation de la liberté de la parole. Pour JED, sans débat démocratique qui suppose expression des idées et opinions divergentes sur toute question d’intérêt public, et sur des médias libres, la démocratie tant claironnée est un leurre.
En conclusion, JED demande au gouvernement de sortir de sa torpeur, d’assurer le libre exercice de la liberté d’expression telle que garantie par les articles 23 à 27 de la constitution, et de mettre fin à toutes les tentatives d’instauration de la pensée unique.
Extrait tiré de JED
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