28 juillet 2010

RDCONGO: Plus de 260.000 enfants de 6 à 17 ans ne vont plus à l’école depuis plus de 10 ans.

Des milliers d’enfants n’étudient plus au Sud-Kivu

Selon un rapport de l’Unicef Bukavu, présenté au mois de mai de cette année, plus de 260.000 enfants de 6 à 17 ans ne vont plus à l’école depuis plus de 10 ans. Une situation qui persiste dans cette partie de la Rdc à cause des différentes guerres et l’insécurité qui règne dans de nombreux villages.
Insécurité et pauvreté obligent, au Sud-Kivu, plus de 260 000 enfants ne vont pas à l’école. Une situation qui persiste depuis environ, dix ans et s’est aggravée ces derniers mois avec les opérations militaires en cours.
« J’ai 12 ans. Je viens de Mwenga (à 120 km au sud-ouest de Bukavu, NDLR). Je suis à Bukavu depuis l’an dernier. Ma famille a fui les combats dans notre région. Nous sommes 8 enfants, seul mon frère et ma sœur étudient encore, ils sont en classe Terminale. La famille n’a pas les moyens de nous scolariser tous », raconte tristement Songa, vendeur de savons sur la route d’Essence Major Vangu, un quartier populaire de Bukavu.
Songa est un de ces milliers d’enfants déplacés à cause des opérations militaires Kimia II d’abord puis, depuis janvier 2010 Amani Leo, qui traque les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) réfugiés à l’Est du Congo après le génocide du Rwanda et des exactions des hommes en armes. Ces petits errent dans la ville comme vendeurs ou travaillent comme maçons sur des chantiers. Agnès Katavali de l’Unicef Bukavu, a présenté, fin mai, au cours d’un point de presse un rapport sur des données récoltées depuis le début de cette année. Il y aurait ainsi plus de 260 000 enfants de 6 à 17 ans qui ne vont pas à l’école... Selon cette même source, cette situation persiste depuis près de 10 ans, à cause des différentes guerres et du climat d’insécurité qui règne dans de nombreux villages du Sud-Kivu.
Cette année, les territoires de Fizi, Shabunda et Kalehe ont un taux particulièrement élevé d’enfants non scolarisés, car ils sont les plus concernés par des conflits armés et des déplacements forcés de populations. Dans ces zones se poursuivent les opérations militaires Amani Leo menées par l’armée régulière. Des familles ont fui les combats et les incursions des rebelles dans leurs villages. Elles se sont réfugiées en ville ou dans les villages voisins.

« L’Etat doit s’impliquer »

Dans certaines localités, des écoles ont fermé, car les élèves et les enseignants étaient partis. D’autres ont été pillées par des hommes armés. Des pupitres ont été transformés en bois de chauffe. « J’étais enseignante dans une école primaire qui a fermé quand nous avons fui. Maintenant, je vends différents articles au bord de la route chaque soir », explique une jeune vendeuse de Bukavu.
A l’insécurité persistante se greffe un autre problème, celui de la « prime » instaurée depuis le début des années 1990. L’Etat n’arrivant plus à prendre en charge les enseignants, après une grève d’un an, les parents avaient pris la décision de payer eux même le salaire des professeurs. Le système est encore appliqué de nos jours. Mais, sans salaire décent, les parents ne peuvent plus payer la prime. « Cette année, 118 salles de classe ont été construites, plus de 26000 enfants inscrits dans des centres de rattrapage et plus de 31 000 autres ont reçu des kits scolaires. Mais, cela ne suffit pas. Il faut augmenter le budget que l’Unicef alloue à ce secteur et que le gouvernement prenne en charge le salaire des enseignants », propose Agnès Katavali.
Un avis partagé par plusieurs Sud-Kivutiens. « Je suis dans la ville depuis 4 ans, car mon village continue de connaître des attaques des rebelles. Sur mes cinq enfants, trois n’étudient pas, car la vie est chère. L’Etat doit s’impliquer », lance un père de famille qui vit à Nyamugo, un quartier de Bukavu. Là où ils trouvent refuge, les déplacés ont pour première préoccupation quotidienne de chercher à manger.
En juin dernier, à l’occasion de la journée mondiale de l’enfant africain, des organisations de défense des droits de l’enfant ont, elles aussi, appelé le gouvernement à s’engager davantage.

Le Palmarès

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