06 août 2011

RDCONGO: Dons présidentiels, un fléau à combattre à tout prix.


Congo Vision - En République Démocratique du Congo, les dons présidentiels semblent être partie intégrante des attributions officielles du président de la république. Alors que le peuple congolais semble être habitué à ces dons, il y a de quoi se poser des questions sur le sens et le non-sens de ces dons. D'où le président Joseph Kabila trouve-t-il l'argent qu'il distribue à souhait sous forme de dons? Est-ce l'argent du trésor public? Ces dons proviennent-ils de la dotation présidentielle ou du salaire du président ? S’ils proviennent d’autres sources, lesquelles?

Au mois d'aout dernier, le président Kabila a remis un chèque de 10 millions de dollars américains pour la relance de la Minière de Bakwanga (Miba). Au début de ce mois de novembre, le président a débloqué un montant de 300.000 dollars américains pour soulager la souffrance des victimes de la pluie diluvienne qui a frappé la ville de Kindu dans le Maniema le 31 octobre dernier. Depuis 2001 qu’il est au pouvoir, le président Kabila fait des dons de toute sorte: argent, vélos, tracteurs, bus, motocyclettes, machettes, matériels de construction, etc.

Ces dons sont très médiatisés et présentés dans l'opinion nationale et internationale comme des gestes philanthropiques du « Raїs ». A en croire la presse présidentielle, ces dons ne sont pas des aides gouvernementales mais plutôt de dons personnels du chef de l'état. Mais combien gagne le président de la République au Congo? Quelle est la part du budget national consacrée à la dotation présidentielle? D’où provient alors l’argent que le président de la république distribue çà et là sous forme de dons ?

En 2003, à l’issue de l’accord de Sun City, le président Joseph Kabila a déclaré ses avoirs au parlement. A en croire la presse, ses avoirs n’étaient pas colossaux. En dépit du fait qu’il n’y a pas de transparence sur le salaire du président, on peut bien imaginer que ce salaire ne lui permette de donner des millions de dollars aux entreprises publiques ou aux populations sinistrées.

A l’époque du parti unique, le président Mobutu se payait le luxe de faire ce genre de dons parce qu’il ne faisait pas de distinction entre le patrimoine de l’état et le patrimoine privé. En ce moment où la République Démocratique du Congo se targue d’avoir une constitution dite « démocratique », il est anti-démocratique et anticonstitutionnel pour un chef de l’état de donner des dons sans rendre compte à la population.

Dans un pays démocratique, il y a des agences gouvernementales qui se chargent de secourir des populations sinistrées. Il est inconcevable qu’un président donne 10 millions de dollars américains (même si c'est pour une cause louable) à une entreprise publique. L'argent du trésor public n'est pas l'argent du président de la république ni du premier ministre ; c'est l'argent du peuple. Que le président Kabila (qui croit que la République Démocratique du Congo est devenue un pays démocratique avec l'adoption de la constitution en 2006 et son élection à la tête du pays) sache que dans un pays qui se dit démocratique, tout se fait dans la transparence. Le budget national du Congo ne prévoit nulle part de dotations présidentielles exceptionnelles et colossales.

Le sénat et le parlement congolais n’ont malheureusement jamais interpellé le président Joseph Kabila au sujet des dons qu’il donne. Il est important que les autorités congolaises apprennent les notions fondamentales de la démocratie. Gérer un bien public comme un bien privé, c'est commettre un crime. Le président Kabila ne semble pas se démarquer du système mobutiste qu'il a combattu. Les dons du président Mobutu étaient présentés comme des œuvres de magnanimité du guide. Les dons du président Kabila traduisent "la détermination du Chef de l’Etat à soutenir la population". A bien lire, il y a de visées électoralistes voilées.

Aux Etats-Unis, le salaire du président de la république est connu de la population. Le président américain gagne 400.000 dollars l'année soit 33.000 dollars le mois. Si le président Barack Obama (et non son gouvernement) donnait 10 million US à un entreprise publique et 300.000 US à une population en détresse comme Joseph Kabila, il serait destitué de ses fonctions et traduit en justice pour corruption et malversation financière. Le Congo n'est pas les USA, nous dira-t-on, mais si nous voulons la démocratie, nous devons respecter les règles démocratiques. Ce n’est pas normal que le peuple congolais ignore le salaire de son président. Dans un pays démocratique, il est anormal que le chef de l’état utilise les fonds de l’état pour donner des dons à qui il veut et quand il le désire.

Au fait, ce n'est pas cela le rôle du chef de l'état. C'est le gouvernement qui doit secourir les entreprises publiques et la population sinistrée. Le gouvernement doit avoir toute une politique économique pour faire face aux urgences nationales. Ni le président Kabila ni son premier ministre Muzito n’a déjà articulé de manière claire et nette la politique du gouvernement en ce qui concerne la gestion des catastrophes nationales. Ainsi, le pays recoure souvent aux institutions internationales pour trouver des solutions chaque fois qu’il y a un désastre (Ebola, volcan, innondations, etc.).

Il n’est pas interdit au président Joseph Kabila de poser de gestes philanthropiques à l’endroit de la population congolaise mais s’il doit utiliser l’argent du trésor public (l’argent du contribuable congolais), il doit alors subir la sanction de sa propre « Tolérance Zéro ».

En définitive, la culture de dons présidentiels doit cesser. La notion de dons présidentiels est incompatible avec celle de « transparence ». La lutte contre la corruption n’aura pas d’effets escomptés si le chef de l’état utilise mal les ressources de l’état. La presse congolaise doit dénoncer l’octroi des dons présidentiels plutôt que d’encourager ce comportement anti-démocratique.

Source: Vision congo

Aucun commentaire: