
Le printemps arabe, compris comme la déconstruction sociopolitique des dictatures oligarchiques et cannibales entraînant injustice, inégalité, misère sociale, bref la fracture sociale dans le monde arabe; s’est amorcé depuis un an en Tunisie avec le départ de Ben Ali, il s’est étendu en Égypte avec la chute du pharaon moderne Hosni Moubarak, en Libye, au Yémen, en Syrie et dans beaucoup d’autres pays arabes. En Tunisie, les protestations ont jeté dans la rue des milliers des personnes après l’événement fondateur du 17 décembre 2010 lorsque Mohammed Bouazizi, un jeune chômeur tunisien âgé de 26 ans s’est immolé par le feu à Sidi Bouzid, parce qu’il était harcelé par la police tunisienne qui voulait rançonner tout son butin. Et pourtant ce jeune orphelin prenait en charge ses six frères et sœurs grâce à son petit commerce de misère. A partir de ce moment, les protestations ne se sont pas arrêtées en Tunisie jusqu’aujourd’hui. Au contraire, elles se sont amplifiées et étendues comme un feu de poudre jusqu’en Égypte et particulièrement à la place Tahrir, lieu de cristallisation et de canalisation de toutes les manifestations égyptiennes à partir duquel les manifestants réclament la fin de la dictature militaire. En Lybie, les soulèvements démocratiques soutenus par les bombes de l’OTAN se sont conclus par la chute du Colonel Mouammar Kadhafi. Pour ne citer que ces trois pays, aujourd’hui les soulèvements démocratiques s’installent en Syrie avec des milliers des morts au dos de Bachar al-Assad, qui bientôt sera rattrapé par la justice et au Yémen, ils sont parvenus à déloger le président Ali Abdallah Saleh de sa monarchie depuis 33 ans (Cf. J.-P. Filiu, Révolution arabe, Fayard, 2011).
La révolution déclenchée dans le monde arabe devient une affaire africaine parce que beaucoup de pays en Afrique noire sont des Républiques monarchiques dirigées encore par des dictateurs cannibales et nécrocrates. Les Africains, dans beaucoup de pays manifestent aussi le désir de combattre les dictatures et les injustices sous toutes ses formes en vue d’accéder à la justice et à la démocratie. Les Africains ont accédé à la conscience historique d’une auto émancipation en vue d’une autogestion de leurs pays hérités de la colonisation. Ils ont compris qu’ils doivent s’auto projeter dans l’avenir pour fonder des États modernes et travailler ainsi à l’essor économique de leurs pays. L’exemple concret nous est donné aujourd’hui par des révoltes des Sénégalais qui refusent la candidature du président sortant Abdoulaye Wade. Ils organisent des marches pour que le président Abdoulaye Wade ne se représente plus pour un 3ème mandat aux prochaines élections de février 2012. La République Démocratique du Congo est un autre cas à part d’une dictature nègre qui se met progressivement en place, qui, depuis les élections du 28 novembre 2011 jusqu’aujourd’hui, elle se trouve devant l’impasse à cause des résultats électoraux contestés, précédés par le tripatouillage de la Loi fondamentale dû à un parlement congolais devenu un « Temple de la corruption » sous Joseph Kabila, entachés des violences, des fraudes massives et de graves irrégularités. Ces deux exemples concrets illustrent clairement que le printemps arabe se poursuit en Afrique noire, il fait bouger les différents pays subsahariens. Désormais, il sera difficile à un gouvernement d’imposer la dictature pour longtemps dans un pays. Raison pour laquelle, comme Congolais et Africains, je lance un appel pressent à mes frères congolais de continuer à résister jusqu’au départ du président actuel Joseph Kabila et son groupe des corrompus. Mes frères vous êtes dans la bonne voie parce que vous avez accédé à la conscience historique que l’Afrique doit instaurer un mouvement de Renaissance (l’Aufklärung africain) que j’appelle communément le « Printemps de Révolution Nègre » pour sortir les Africains de l’obscurantisme politique imposé par des dictatures oligarchiques et cannibales qui sèment la terreur, le viol, et perpétuent les pillages systématiques de nos ressources, les tueries, les massacres, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les génocides déclarés et oubliés. Et ce mouvement de Renaissance congolaise doit s’appuyer sur un principe éthique de base « vivre dans la dignité et le progrès social chez nous au Congo-Kinshasa ». Et au nom de la dignité et du progrès social, plus question d’avoir peur d’être tués, plus question d’avoir peur d’être blessés, plus question d’avoir peur d’être arrêtés, plus question d’avoir peur d’être torturés (RIMA ELKOURI, La révolution inachevée (Chronique) La Presse Montréal, jeudi 26 janvier 2012). Et au nom de la dignité et du progrès social, un autre Congo va renaître.
Professeur Augustin Ramazani Bishwende
Ottawa, Canada
Professeur Augustin Ramazani Bishwende
Ottawa, Canada
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