Bosco Ntaganda a un beau sourire, selon ceux qui
l'ont rencontré - mais derrière le sourire se cache un homme impitoyable
qui mérite bien son surnom de “Terminator”
En 2006, le Général Ntaganda a été inculpé une
première fois par la Cour pénale internationale (CPI), pour avoir
prétendument recruté des enfants soldats, au cours de la sanglante
guerre de cinq ans en République démocratique du Congo.
D'autres plaintes pour viol,
assassinat et persécution pour motifs ethniques et le ciblage délibéré
de civils ont été ajoutées en mai 2012, suite à des preuves présentées
pendant le procès de son co-accusé et ancien patron, le seigneur de
guerre Thomas Lubanga, première personne à avoir été reconnue coupable
par la CPI deux mois plus tôt.
Ainsi, depuis des années, l’ex-rebelle devenu
général de l’armée a été libre de circuler dans la ville de Goma, en
jouissant d'une vie d'impunité et de luxe, avec du bon vin, à manger et
des séances de tennis.
Le général Ntaganda, dans sa base de montagne de Kabati, 40km au nord de la capitale provinciale Goma, en janvier 2009.
La population locale reproche à Bosco Ntaganda
et à ses soldats une série de viols, de pillages et de meurtres – dans
le du Nord et dans le Sud du Kivu, ainsi que dans le district de l'Ituri
au nord-est de la RD Congo.
Rebelle à 17 ans
Ntaganda est né en 1973 à Kiningi, une petite
ville sur les contreforts des chaînes de montagne des Virunga du Rwanda,
célèbres pour ses gorilles.
Adolescent, Ntaganda fuit vers Ngungu, dans
l'Est du Congo, suite à des attaques sur compatriotes Tutsis au Rwanda.
Il y fréquente l'école secondaire, sans y obtenir de diplôme.
En 1990, à l'âge de 17 ans, il rejoint les
rebelles du Front patriotique rwandais dans le sud de l'Ouganda. Il
combat sous le commandement du chef de file du FPR -aujourd'hui
président du Rwanda - Paul Kagamé, pour mettre fin au génocide.
Après que les troubles rwandais ont débordé dans
la RDC, il a commencé à s’engager dans la lutte contre les rébellions
et à servir dans les armées nationales, tant rwandaise que congolaise.
En 2002, il rejoint l'Union des patriotes
congolais rebelles dans le district de l'Ituri - et passe les trois
années qui suivent en tant que chef des opérations militaires de Thomas
Lubanga.
Ntaganda rejoint ensuite un autre groupe rebelle
- le CNDP – sous la direction de Laurent Nkunda, très influent dans
l'Est du pays et qui avait commencé sa carrière militaire dans l'armée
rebelle du Rwanda qui a mis fin au génocide.
Avec le soutien du Rwanda, il renverse le Général Nkunda et prend la direction de la milice du CNDP.
Bien que recherché par la CPI pour crimes de
guerre, en 2009, Ntaganda sert en tant que soldat aux côtés du président
Kabila - et est promu général.
Il est ensuite basé à Goma, où il commande
jusqu'à 50.000 soldats, beaucoup d'entre eux sont d'anciens rebelles qui
lui sont personnellement restés fidèles.
Selon une enquête de l'ONU, Ntaganda s’est
construit un empire commercial lucratif dans le Nord et le Sud-Kivu – il
serait issu de la collecte des impôts dans les mines contrôlées par les
soldats sous son commandement, et des marchés du charbon de bois et de
points de contrôle illégaux.
À un moment donné, Ntaganda gagnait $ 15.000 (£
10,000) par semaine à chaque traversée de frontière, selon un rapport
2011 par le fond du Groupe d'experts des Nations Unies.
Bosco
Ntaganda dans son uniforme de l'armée congolaise assiste à
l'anniversaire de l'indépendance du Congo à Goma en juin 2010.
Il posséderait également une usine de farine, un hôtel, un bar et un ranch de bétail en dehors de Goma.
"Jamais face à ses crimes"
La chercheuse de Human Rights Watch, Anneke van
Woudenberg a rencontré «le Terminator» à plusieurs reprises. Il ne
s’exprime pas bien et n’est pas persuasif, dit Mme van Woudenberg.
Mais, debout il a une certaine présence et du
charisme - et aime porter des chapeaux en cuir de style cow-boy. Mais
c’est surtout son caractère impitoyable qu’elle a remarqué: " Il est
quelqu'un qui ne sera jamais face à ses crimes, il nie toujours et vient
avec une excuse pour justifier ce qu'il a fait."
La liste de ses crimes présumés est longue - et
les Congolais disent que le "Terminator" est considéré comme un homme
qui mène de l'avant et prend personnellement part à des opérations
militaires.
En novembre 2008 des journalistes internationaux
l’ont filmé en train de commander et donner des ordres à ses troupes
dans le village de Kiwanja, à 90 km au nord de Goma, où 150 personnes
ont été massacrées en une seule journée.
Il a aussi commandé les troupes accusées d'avoir
tué, en raison de leur appartenance ethnique, au moins 800 civils dans
la ville de Mongbwalu, en Ituri en 2002.
Après cela ses troupes ont pris le contrôle des riches mines d'or dans la région.
Début avril 2012, il semble avoir déserté de
l'armée congolaise – il aurait quitté Goma, emmenant avec lui jusqu'à
600 soldats lourdement armés.
Il est possible qu’il se soit caché dans les collines au-dessus de la ville.
Le 11 avril, le Président Kabila a finalement
appelé à son arrestation -, mais a ajouté qu'il ne remettrait pas le
Général Ntaganda à la CPI.
(Texte: Lalla Sy / Penny Dale )
Source: BBC/AFRIQUE
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