02 décembre 2005

Burundi: Kagame serait impliqué dans l'assassinat de Melchior NDADAYE.


Le président burundais Nkurunziza a effectué mardi une visite dit de travail à Kigali. De l’aéroport de Kigali, le président Nkurunziza s’est dirigé au bureau du président Kagame pour une réunion dont l’objectif était manifestement celui de finaliser le plan initié par le Président rwandais de mener une guerre conjointe contre les FNL de Rwasa Agathon et les FDRL, une rébellion armée contre le pouvoir de Kigali. En effet, selon l’Agence France Presse, Paul Kagame et Pierre Nkurunziza ont décidé de créer une force conjointe chargée de traquer ceux qu’ils ont appelés les «forces négatives». Le président burundais, Pierre Nkurunziza d’ethnie Hutu, semble avoir oublié qu’il n’y a pas longtemps, les FDD eux-mêmes étaient taxés de « forces négatives ».

Une guerre bien planifiée par son initiateur, Paul Kagame.
Le mode d’opération de Paul Kagame qui semble lui avoir rendu beaucoup de services consiste en une pénétration progressive des institutions ou des pays qu’il veut conquérir, assujettir, contrôler ou employer pour ses fins. Ce fût le cas en Ouganda, ce fut le cas en RDC avec Kabila Père. Il vient de réitérer le même exploit au Burundi avec le gouvernement CNDD-FDD. Le gouvernement rwandais s’est impliqué directement dans le processus électoral burundais qui est allé jusqu'à envoyer deux délégués au congrès du CNDD-FDD et de financer ce parti pendant la compagne électorale. Cette implication personnelle de kagame dans les dossiers burundais n’était pas gratuite. Elle devrait, tôt ou tard, payer. En effet, Kagame n’a pas d’amour particulier envers les Hutus. Son intérêt pour le CNDD-FDD, alors que ce mouvement était caractérisé, dès sa création, par une dominance hutu est de le contrôler et pouvoir utiliser le territoire burundais pour ses propres fins: L’invasion de la RDC en cas de besoin, et l’encerclement des FDLR, une rébellion armée qu’il a refusé de reconnaître ou de négocier avec. Le voilà, Kagame vient de conquérir le droit d’intervenir militairement comme bon lui semble dans les affaires Burundaises. En internationalisant les combats avec les FNL, Nkurunziza vient de lier indubitablement le sort du Burundi à celui du Rwanda. C’est une erreur grave. Malgré la pauvreté l’instabilité actuelles, le Burundi a quand même de bases politiques plus solides qui résultent des accords d’Arusha et des compromis politico-militaires qui s’en sont suivi. Le Rwanda, par contre, selon une étude fouillée de Filip Reyntjens dans la revue African Affairs publiée en 2004 et intitulée« Rwanda Ten Years On: From Genocide to Dictatoship » n’est rien d’autre qu’une dictature ethnique. Comme le cas du Burundi l’a déjà démontré, de tels régimes finissent par s’effondrer.
En ramenant le Burundi à participer à sa danse, Paul Kagame qui du reste, n’a jamais cessé de tourner ses yeux vers les richesses du Congo, se trouve au seuil de l’aboutissement de son plan si minutieusement préparé. Ce faisant, Kagame et Museveni viennent de réaliser une grande avancée vers l’est du Congo : En contrôlant le CNDD-FDD et le gouvernement Burundais par ricochet, ils ont créé un encerclement de fait de l ‘Est de la RDC. Qui se serait douté, il y a une année, que la victoire d’un mouvement rebelle hutu au Burundi serait une occasion de donner à Kagame, au Front patriotique rwandais et à son armée, un droit de fait d’intervention sur le territoire Burundais, et l’emploi de ce même territoire pour la déstabilisation du Congo par le Rwanda via le Burundi.

Une réponse à l’appel de Kigali bien articulée et préparée par le Président burundais, Pierre Nkurunziza
Le président Nkurunziza, pourtant toujours en guerre avec les FNL, avait quant à lui, déjà démontré sa disponibilité à collaborer à un éventuel plan de l’homme fort de Kigali. Aucun effort n’a été épargné par lui afin de mériter la sympathie du Président rwandais. Ainsi, dès son arrivée à la présidence, Nkurunziza a vite fait de nommer les fidèles de Kagame aux plus hautes fonctions de l’État. Pour commencer, il a d’abord confié l’un des plus prestigieux ministères du pays à l’épouse de Jean Marie Ngendahayo, un ami personnel de Paul Kagame, à savoir le ministère des relations extérieures et de la coopération internationale. Par la suite, connaissant les liens entre les ex-FAB et Kagame, Nkurunziza a placé ces ex-FAB tant à la tête du ministère de la défense nationale qu’à l’État Major général de la FDN afin d’assurer à Kagame qu’aucun Hutu ne troublerait ses plans. De même, la nomination au cabinet présidentiel des personnalités controversées tels Gabriel Mpozagara sans lui demander des comptes sur son rôle dans le génocide de 1972, couplée de la nomination du Colonel Ascesion Twagiramungu, un ex-Fab d’origine rwandaise, comme chargé de mission à la présidence de la République sans lui demander des comptes sur son rôle dans l’assassinat de Ndadaye Melchior et le putsch de 1993 , démontre un engagement de Nkurunziza que plus rien ne peut arrêter dans des futures aventures rwandaises sous la houlette de Paul Kagame. Le Burundi ne manque pourtant pas de contentieux très sérieux qu’il devrait régler avec Kagame: Les réfugiés Hutus massacrés par le FPR lors de sa prise du pouvoir, la confiscation des biens de ces mêmes réfugiés, l’implication dans l’assassinat de Ndadaye Melchior et de Cyprien Ntaryamira, le détournement des fonds d’assurances destinées aux familles des victimes qui ont perdu les leurs quand le FPR a abattu l’avion qui ramenait Habyarimana Juvénal d’Arusha ,….

Les énormes implications d’une guerre conjointe
Pour le Burundi, l’internationalisation de la guerre contre les FNL et l’implication du Rwanda dans le conflit burundais signifient une insécurité accrue alors que le pays, à travers des négociations sincères, pouvait définitivement retrouver une paix sociale qu’elle n’a pas connue ces douze dernières années. Or, le problème burundais a ses particularités et on n’avait pas besoin des solutions conjointes avec le Rwanda.
Ce qui est évident, l’opération militaire conjointe permettra aux soldats rwandais de passer par le Burundi et d’y installer des camps militaires accentuant ainsi le problème d’insécurité déjà grandissante au Burundi. Certains estiment par ailleurs, qu’au cas où il y aurait un coup d’État, Nkurunziza ne devrait s’en prendre qu’à lui-même si les soldats rwandais participaient à son renversement.
En associant l’Ouganda à cette entreprise – alors que l’Ouganda ne saurait dire qu’il a des rebelles au Burundi - Kagame a aggravé le problème de Nkurunziza dont l’électorat voit dans cette armée conjointe le début de la réalisation d’un empire Hima sur le territoire couvrant le Burundi, le Rwanda et l’est de la République démocratique du Congo.
Par ailleurs, le président Nkurunziza se trouve dans une impasse totale. Il souffre le chaud et le froid. Ses mains se retrouvent déjà liées. Ayant accepté le soutien de Paul Kagame, il est dans l’impossibilité de dire non à l’un des grands pivots de son élection. De même, comme ce sont les proches de Kagame qui sont autour de Nkurunziza et qui, visiblement, ont la main mise sur le pouvoir, Nkurunziza ne peut plus se détourner de la volonté de Kagame sans subir une punition exemplaire de ce dernier.
Selon toute vraisemblance, Nkurunziza a emprunté une voie à sens unique qu’il ne peut plus éviter au risque de subir les affres d’une sanction à la rwandaise. D’un autre côté, sa vendetta personnelle ainsi que celle de Radjabu Hussein contre le président des FNL Agathon Rwasa, qui date des temps du maquis, constitue un réel obstacle à toute solution négociée accélérée.
Source: burundirealite.net

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