27 mars 2006

RDCongo: Arrestation de Thomas Lubanga: un premier pas vers la justice et la fin de l'impunité au Congo


Solidarité Shirika la Kivu
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Tel : 819 776 0104 Ottawa, le 27 mars 2006

La Cour Pénale Internationale (CPI) a annoncé le 17 mars 2006 l’arrestation de Monsieur Thomas Lubanga. Cette arrestation est un signe d’encouragement et d’espoir que les bouchers des congolais seront un jour forcé de répondre de leurs actes. Toutefois, il est nécessaire de faire plus. La plupart de ceux et celles qui ont massacré la population congolaise sont encore en liberté. Certains sont des membres influents du gouvernement congolais, ougandais ou rwandais. D’autres sont membres des différentes institutions gouvernementales et même mandataires de l’État.
De plus, Il est maintenant reconnu que le conflit en RDC a connu la participation active de forces non congolaises notamment Ougandaise, Rwandaise et Burundaise. Pour que la population congolaise fasse confiance en la justice internationale, l’arrestation de monsieur Lubanga, que nous saluons, devrait conduire à celles des autorités congolaises, ougandaises, rwandaises et burundaises ainsi que des membres des ex-Forces armées rwandaises qui ont commis des crimes répréhensibles dont plusieurs crimes de natures sexuelles et des crimes de guerre.
Il n’est pas suffisant d’arrêter quelques individus qui portent la plus grande responsabilité pour des crimes graves, comme le déclarait le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo. La Cour pénale internationale a un soutient et des moyens financiers conséquents lui permettant de juger tous les acteurs directs ainsi que leurs complices. Qui plus est, la communauté internationale devra trouver une façon d’amener devant la justice les acteurs du conflit congolais pour la période après juillet 2002 non couverte par le Traité de Rome.
Malgré notre enthousiasme à l’arrestation de Monsieur Lubanga, nous sommes conscients que l’intervention du TPI pourrait conduire à une intervention indue dans les affaires du Congo et même devenir une façon d’imposer des points de vue occidentaux au congolais. Toutefois, vu le laxisme, peut être même la complicité, des autorités congolaises à engager des poursuites significatives en vertu du droit interne congolais, l’intervention du TPI est un mal nécessaire.
En effet, il est maintenant établi que le gouvernement congolais ne fait pas respecter le droit international humanitaire à l’intérieur de son territoire. Plusieurs membres des différents groupes armés opérants au Congo ont commis des crimes incluant des crimes guerre et des crimes de génocide et, ni les responsables directs ni leurs officiers supérieurs n’ont étés poursuivis mais bien au contraire.
Les autorités de la République Démocratique du Congo, n’ont pas (ou ne veulent pas) arrêté ni traduit en justice les génocidaires et autres criminels de guerre congolais et autres qui ont perpétré différents crimes à Makobola, Kamituga, Burhinyi, Kaziba, Walungu, Kasika, Katuta, Kashekezi, Kalehe, Lubarika, Bangwe, Burhale, Uvira, Sange, Kisangani et dans le territoire de l’Ituri.
De plus les leaders politico-militaires dont les responsabilités dans ces crimes ne font aucun doute, n’ont jamais été inquiétés notamment Jean-Pierre Bemba, Déogratias Bugera, Bizima Karaha, Arthur Zahidi Ngoma, Laurent Nkunda, Jules Mutebusi, Tambwe Mwamba, Jean-Pierre Ondekane, Adolphe Onosumba, Azarias Ruberwa, Eugène Serufuli, Wamba Dia Wamba, James Kazini, James Kabarebe, Caleb Akandwanaho alias Salim Saleh, Lambert Mende, Kin-Kiey Mulumba, etc. Que dire de Joseph Kabila, Paul Kagame, Pierre Buyoya et Yoweri Museveni?
Plus particulièrement, Il est étonnant de voir que Jules Mutebusi et Laurent Nkunda, qui ont semé et sèment encore la désolation au Kivu, n’ont pas encore été arrêtés. L’arrestation de Thomas Lubanga a été faite avec l’appui de la MONUC. Il est plus qu’évident qu’en dépit des multiples crimes commis sur des populations civiles congolaises en Ituri, le motif premier de cette extradition vers la Haye est essentiellement le massacre des neuf casque bleus bangladais. Nous notons que cette arrestation a semblé avoir été conduite avec l’appui du procureur général de la république et de l’auditorat militaire.
De plus, Thomas Lubanga Dyilo qui bénéficie de l’aide judiciaire, aux frais de la CPI, sera défendu par Maître Jean Flamme comme conseil de permanence. Il va avoir ses droits défendus, un droit que toutes ses victimes n’ont pas eu la chance d’avoir. Comment ne pas se demander si, aux yeux de certains décideurs de l’ONU et du TPI, la vie de neuf casques bleus tués en Ituri, a plus de valeur que celle de plus de 4 millions de Congolais ? A titre d’exemple, un mandat d’arrêt international a été lancé en septembre 2005 contre Laurent Nkunda pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et pour insurrection, mais la police et l’armée congolaise n’ont rien fait pour l’arrêter. Les lieux où se trouve Nkunda sont bien connus des autorités congolaises, de la MONUC et du TPI. Son ancien collègue, le Général Gabriel Amisi est en liberté. Jules Mutebusi est en liberté également au Rwanda. Et pourquoi ne pas exiger des autorités rwandaises de l’arrêter et le mettre à la disposition justice militaire congolaise ?
Enfin, plusieurs commentateurs ont soulevé certaines questions sur la légalité de l’arrestation et le transfert à la Haye de monsieur Lubanga. Ainsi, malgré nos questionnements et inquiétudes, nous croyons que cette arrestation enverra un signal clair que justice devra être rendue au peuple congolais.

Pour la Solidarité Shirika La Kivu Canada,
Serge Ntamwira
Président

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