Lumumbiste proche de feu général André Kisase Ngandu, ancien commandant de brigade des Forces armées congolais (FAC) à Lodja sous Laurent-Désiré Kabila, JulesLumumba Onangando vit depuis plusieurs années en exil en France. Dans une interview accordée à Congoindependant. com, l’officier donne sa version sur la disparition du général Kisase Ngandu, le tout premier chef militaire de l’AFDl, et évoque ses déboires avec Joseph Kabila, alors chef d’état-major de l’armée congolaise.
« Joseph Kabila a travaillé dans les services de sécurité rwandais avant la guerre de l’AFDL»
Qui êtes-vous exactement ?
Je m’appelle Jules Lumumba Onangando. Je suis un militaire proche de feu général André Kisase Ngandu. Nous avons commencé la lutte dans les années 60 avec Kisase et le général Nicolas-Philippe Olenga dès que nous avons appris la mort du Premier ministre Patrice Lumumba en janvier 1961. J’ai fait partie de l’armée fidèle à Antoine Gizenga à Kisangani. Nous étions des nationalistes. C’est à cette époque que j’ai rencontré Laurent-Désiré Kabila, qui était un des nôtres.
Comment pouvait-on reconnaître un nationaliste- lumumbiste à cette époque ?
Un nationaliste est un citoyen qui aime passionnément son pays. Par extension, un nationaliste congolais était tout citoyen qui combattait Mobutu, responsable de la mort de Patrice Lumumba. LD Kabila fut un lumumbiste.
Quand avez-vous rejoint l’AFDL ?
Je suis arrivé à Goma six jours avant la disparition de Kisase Ngandu qui était le premier chef militaire de l’AFDL. J’ai assumé les fonctions d’officier de sécurité avec le grade de colonel.
En janvier 1997, l’opinion nationale apprenait la mort du général André Kisase Ngandu. Quelle est votre version des faits ?
André Kisase Ngandu a été exécuté par des militaires rwandais. Son élimination physique a été commanditée par le général Paul Kagame.
Pourquoi ?
Au départ, tout a commencé avec l’affaire des 40 kilos d’or de Kilo Moto emportés à Kigali par des soldats rwandais. Cette affaire avait mis le général Kisase dans tous ses états. Il a exigé la restitution de cet or dont le produit de vente devait servir à l’approvisionnement de l’AFDL en armes et munitions. LD Kabila, alors porte-parole, a été chargé de transmettre ce message à Kigali au général Kagame. Arrivé dans la capitale rwandaise, le messager en a profité pour régler ses comptes avec Kisase.
Voulez-vous dire qu’il y avait une rivalité entre « André » et « Laurent-Désiré » ?
Affirmatif. Un jour, Kisase a dit publiquement à Kabila qu’il devait cesser de s’arroger le titre de président de l’AFDL. « Vous êtes porte-parole et non le président de l’AFDL », lui avait-il dit crûment. Kabila n’avait pas digéré ce qu’il considérait comme un affront personnel. C’est le point de départ du conflit. A Kigali, LD Kabila a sollicité le concours de Kagame pour se défaire de l’ « encombrant » chef militaire.
Avez-vous rencontré un certain Joseph Kabila à l’étape de Goma ?
Effectivement. « Joseph » était souvent en compagnie de James Kabarebe, alors colonel de l’Armée patriotique rwandaise. « James » l’initiait aux métiers des armes.
On vous l’a dit ou avez-vous été un témoin direct ?
Je l’ai vécu. On entendait dire que c’est un fils Kabila. Etrangement, les autres enfants de LD Kabila autant que ceux de Jean-Claude Kifwa alias Tango Tango – un des neveux de LD Kabila - ne considéraient pas Joseph comme un des leurs. Ils lui déniaient la qualité de membre de leur famille. Nous avons fini par comprendre que Joseph était en réalité le fils d’une des « maîtresses » de Laurent-Désiré .
Est-ce peut-être parce que Joseph est né dans le maquis et a grandi à l’étranger ?
En vérité, Joseph Kabila est un soldat de l’armée patriotique rwandaise. C’est un fait connu de tous. Ce n’est qu’à l’étape de Lubumbashi (avril 1997) qu’une certaine propagande l’a présenté comme le fils de son père, donc Congolais.
Quid alors de Mama Sifa Mahanya ?
Mama Sifa Mahanya n’est pas la mère de Joseph.
Pouvez-vous le démontrer ?
Sifa est une « maman inventée » de toutes pièces pour les besoins de la cause. Il s’agit de crédibiliser l’histoire selon laquelle la mère de Joseph est congolaise. Alors que tous ceux qui ont eu à fréquenter le maquis de Kabila père savent que la génitrice de l’ actuel président est une femme tutsie que le Mzee avait prise à un militaire tutsi qui travaillait avec lui.
Que dites-vous alors de la déclaration solennelle du Grand Chef Kasongo Nyembo selon laquelle « Joseph Kabila est un MulubaKat à cent pour cent » ?
Je me demande si le chef Kasongo Nyembo - que je respecte par ailleurs - n’a pas été « conditionné » pour faire cette annonce.
Où étiez-vous le 17 mai 1997 lorsque les troupes de l’AFDL firent leur entrée à Kinshasa ?
Je suis arrivé à Kinshasa trois ou quatre jours après. J’ai été affecté au Conseil national de sécurité (CNS) dirigé à l’époque par Didier Kazadi Nyembwe. Je me rappelle que Kazadi procédait à plusieurs arrestations. La plupart des personnes arrêtées n’ont pas été « revus »…
Avez-vous eu des contacts avec Joseph Kabila lorsqu’il n’était « que » chef d’état-major de l’armée ?
Effectivement. Je l’ai approché surtout en 1998, après le départ du général rwandais James Kabarebe. Un jour, Didier Kazadi Nyembwe m’avait chargé de rechercher un certain Paul Mousoumbi, un proche parent du président brazzavillois Denis Sassou Nguesso, porté disparu à Kinshasa. Il s’agissait du président de la Chambre de commerce de Brazzaville. Après enquête, j’ai pu découvrir que Joseph Kabila l’avait fait emprisonner à Buluo, au Katanga.
Pourquoi ?
Joseph Kabila prétendait que Mousoumbi était trouvé en possession d’armes de guerre. En réalité, ce n’était qu’un fallacieux prétexte. En fait, Joseph voulait s’approprier le bateau de l’intéressé y compris les grumes qui s’y trouvaient. C’est Didier Kazadi qui a tout fait pour faire libérer M. Mousoumbi en le ramenant à Kinshasa. François Beya, alors conseiller politique au CNS, connaît bien cette affaire. Joseph redoutait que le Mzee soit au courant de ses turpitudes.
Voulez-vous insinuer qu’avant d’accéder à la magistrature suprême, Joseph Kabila se comportait en voyou ?
Joseph Kabila est un tueur froid !
D’aucuns rétorqueront que ce sont des accusations sans preuves
Nullement !
Pourquoi, selon vous, Joseph Kabila que l’on présente comme Rwandais est resté au Congo après le départ des soldats de l’armée rwandaise (APR) en 1998 ?
La raison est simple. Il était présenté comme le fils Kabila. Mais je vous dis que Joseph Kabila est un citoyen Rwandais à cent pour cent. Pour preuve, avant la guerre de l’AFDL, Joseph a travaillé dans les services de sécurité rwandais.
« Joseph Kabila a travaillé dans les services de sécurité rwandais avant la guerre de l’AFDL»
Qui êtes-vous exactement ?
Je m’appelle Jules Lumumba Onangando. Je suis un militaire proche de feu général André Kisase Ngandu. Nous avons commencé la lutte dans les années 60 avec Kisase et le général Nicolas-Philippe Olenga dès que nous avons appris la mort du Premier ministre Patrice Lumumba en janvier 1961. J’ai fait partie de l’armée fidèle à Antoine Gizenga à Kisangani. Nous étions des nationalistes. C’est à cette époque que j’ai rencontré Laurent-Désiré Kabila, qui était un des nôtres.
Comment pouvait-on reconnaître un nationaliste- lumumbiste à cette époque ?
Un nationaliste est un citoyen qui aime passionnément son pays. Par extension, un nationaliste congolais était tout citoyen qui combattait Mobutu, responsable de la mort de Patrice Lumumba. LD Kabila fut un lumumbiste.
Quand avez-vous rejoint l’AFDL ?
Je suis arrivé à Goma six jours avant la disparition de Kisase Ngandu qui était le premier chef militaire de l’AFDL. J’ai assumé les fonctions d’officier de sécurité avec le grade de colonel.
En janvier 1997, l’opinion nationale apprenait la mort du général André Kisase Ngandu. Quelle est votre version des faits ?
André Kisase Ngandu a été exécuté par des militaires rwandais. Son élimination physique a été commanditée par le général Paul Kagame.
Pourquoi ?
Au départ, tout a commencé avec l’affaire des 40 kilos d’or de Kilo Moto emportés à Kigali par des soldats rwandais. Cette affaire avait mis le général Kisase dans tous ses états. Il a exigé la restitution de cet or dont le produit de vente devait servir à l’approvisionnement de l’AFDL en armes et munitions. LD Kabila, alors porte-parole, a été chargé de transmettre ce message à Kigali au général Kagame. Arrivé dans la capitale rwandaise, le messager en a profité pour régler ses comptes avec Kisase.
Voulez-vous dire qu’il y avait une rivalité entre « André » et « Laurent-Désiré » ?
Affirmatif. Un jour, Kisase a dit publiquement à Kabila qu’il devait cesser de s’arroger le titre de président de l’AFDL. « Vous êtes porte-parole et non le président de l’AFDL », lui avait-il dit crûment. Kabila n’avait pas digéré ce qu’il considérait comme un affront personnel. C’est le point de départ du conflit. A Kigali, LD Kabila a sollicité le concours de Kagame pour se défaire de l’ « encombrant » chef militaire.
Avez-vous rencontré un certain Joseph Kabila à l’étape de Goma ?
Effectivement. « Joseph » était souvent en compagnie de James Kabarebe, alors colonel de l’Armée patriotique rwandaise. « James » l’initiait aux métiers des armes.
On vous l’a dit ou avez-vous été un témoin direct ?
Je l’ai vécu. On entendait dire que c’est un fils Kabila. Etrangement, les autres enfants de LD Kabila autant que ceux de Jean-Claude Kifwa alias Tango Tango – un des neveux de LD Kabila - ne considéraient pas Joseph comme un des leurs. Ils lui déniaient la qualité de membre de leur famille. Nous avons fini par comprendre que Joseph était en réalité le fils d’une des « maîtresses » de Laurent-Désiré .
Est-ce peut-être parce que Joseph est né dans le maquis et a grandi à l’étranger ?
En vérité, Joseph Kabila est un soldat de l’armée patriotique rwandaise. C’est un fait connu de tous. Ce n’est qu’à l’étape de Lubumbashi (avril 1997) qu’une certaine propagande l’a présenté comme le fils de son père, donc Congolais.
Quid alors de Mama Sifa Mahanya ?
Mama Sifa Mahanya n’est pas la mère de Joseph.
Pouvez-vous le démontrer ?
Sifa est une « maman inventée » de toutes pièces pour les besoins de la cause. Il s’agit de crédibiliser l’histoire selon laquelle la mère de Joseph est congolaise. Alors que tous ceux qui ont eu à fréquenter le maquis de Kabila père savent que la génitrice de l’ actuel président est une femme tutsie que le Mzee avait prise à un militaire tutsi qui travaillait avec lui.
Que dites-vous alors de la déclaration solennelle du Grand Chef Kasongo Nyembo selon laquelle « Joseph Kabila est un MulubaKat à cent pour cent » ?
Je me demande si le chef Kasongo Nyembo - que je respecte par ailleurs - n’a pas été « conditionné » pour faire cette annonce.
Où étiez-vous le 17 mai 1997 lorsque les troupes de l’AFDL firent leur entrée à Kinshasa ?
Je suis arrivé à Kinshasa trois ou quatre jours après. J’ai été affecté au Conseil national de sécurité (CNS) dirigé à l’époque par Didier Kazadi Nyembwe. Je me rappelle que Kazadi procédait à plusieurs arrestations. La plupart des personnes arrêtées n’ont pas été « revus »…
Avez-vous eu des contacts avec Joseph Kabila lorsqu’il n’était « que » chef d’état-major de l’armée ?
Effectivement. Je l’ai approché surtout en 1998, après le départ du général rwandais James Kabarebe. Un jour, Didier Kazadi Nyembwe m’avait chargé de rechercher un certain Paul Mousoumbi, un proche parent du président brazzavillois Denis Sassou Nguesso, porté disparu à Kinshasa. Il s’agissait du président de la Chambre de commerce de Brazzaville. Après enquête, j’ai pu découvrir que Joseph Kabila l’avait fait emprisonner à Buluo, au Katanga.
Pourquoi ?
Joseph Kabila prétendait que Mousoumbi était trouvé en possession d’armes de guerre. En réalité, ce n’était qu’un fallacieux prétexte. En fait, Joseph voulait s’approprier le bateau de l’intéressé y compris les grumes qui s’y trouvaient. C’est Didier Kazadi qui a tout fait pour faire libérer M. Mousoumbi en le ramenant à Kinshasa. François Beya, alors conseiller politique au CNS, connaît bien cette affaire. Joseph redoutait que le Mzee soit au courant de ses turpitudes.
Voulez-vous insinuer qu’avant d’accéder à la magistrature suprême, Joseph Kabila se comportait en voyou ?
Joseph Kabila est un tueur froid !
D’aucuns rétorqueront que ce sont des accusations sans preuves
Nullement !
Pourquoi, selon vous, Joseph Kabila que l’on présente comme Rwandais est resté au Congo après le départ des soldats de l’armée rwandaise (APR) en 1998 ?
La raison est simple. Il était présenté comme le fils Kabila. Mais je vous dis que Joseph Kabila est un citoyen Rwandais à cent pour cent. Pour preuve, avant la guerre de l’AFDL, Joseph a travaillé dans les services de sécurité rwandais.
Pensez-vous qu’un Congolais peut être admis dans les « services » rwandais ?
Vous confirmez donc les déclarations de certains officiers ex-Faz qui affirment avoir été interrogés à Lubumbashi par le commandant Joseph Kabila, présenté alors comme un officier de sécurité de l’APR ?
Affirmatif. En mars 1997, à l’étape de Kisangani, Joseph était encore un membre de la sécurité rwandaise.
Selon vous, qui a tué Laurent-Désiré Kabila ?
Je peux vous dire que le lieutenant Rashidi Kasereka n’est pas l’assassin. Il a eu la malchance de découvrir, le premier, le corps sans vie de Laurent-Désiré Kabila. Il a immédiatement couru vers l’aide de camp, le colonel Eddy Kapend, pour l’informer. C’est ici que Kapend l’a abattu.
Quel est le mobile de l’assassinat de Mzee ?
C’est une vengeance. Une vengeance menée par des proches du général André Kisase Ngandu et ceux du commandant Anselme Masasu Nindaga.
En quelle circonstance avez-vous quitté les Forces armées congolaises (FAC) ?
J’étais commandant de brigade des FAC à Lodja (Kasaï oriental) lors de la deuxième guerre qui a commencé en août 1998. Les « Katangais » qui étaient avec moi me suspectaient d’être en intelligence avec les rebelles du MLC de Jean-Pierre Bemba. Alors que je n’ai jamais eu le moindre contact avec ce dernier. Ma situation a pris une tournure dramatique lorsque la localité de Lodja est tombée entre les mains des forces rebelles du RCD-Goma. En réalité, la chute de Lodja n’a été qu’un coup monté par l’état-major général à Kinshasa. Avant cette débâcle, je me suis rendu dans la capitale pour demander des armes et des munitions. Le général-major Joseph Kabila m’a ordonné de regagner mon poste en promettant de faire droit à ma requête. Joseph nous a envoyé des munitions qui ne correspondaient nullement aux armes. C’est le cas également des obus qui ne s’adaptaient pas aux canons.
C’est une accusation grave de dire que l’état-major général d’alors a envoyé sciemment des armes inutilisables. Dans quel but ?
Je persiste et signe. Le but était de fragiliser Kabila père. Lodja a été conquise par des rebelles du RCD, soutenus par le régime de Kigali.
Voulez-vous insinuer que Joseph Kabila était de connivence avec RCD, soutenu par le régime rwandais ?
Joseph Kabila est un agent double.
Qu’est ce qui s’est passé après la chute de Lodja ?
Sur ordre du général-major Joseph Kabila, j’ai été immédiatement mis aux arrêts et amené à Kinshasa via Mbuji-Mayi à bord d’un avion de la MIBA. Le colonel Jean-Claude Kifwa, alias Tango Tango, est venu à Mbuji Mayi avant mon transfert. J’ai été détenu dans l’ex-ferme du général Baramoto située sur la route du Bas-Congo. Plusieurs Hutus rwandais étaient emprisonnés en cet endroit. Des exécutions sommaires avaient régulièrement lieu.
Comment êtes-vous sorti de là?
J’ai eu la vie sauve grâce à la complicité bienveillante de quelques militaires.
Quel sentiment éprouvez-vous aujourd’hui ?
Un sentiment de colère et d’indignation. Aucun Congolais qui aime véritablement le Congo ne peut accepter que Joseph Kabila soit à la place où il se trouve. Jean-Pierre Bemba n’est pas parfait. Mais, c’est un Congolais. Nous devons le soutenir.
Pourquoi avez-vous décidé de parler seulement maintenant ?
On a tenté de m’exécuter dans la ferme de Baramoto. J’ai eu la vie sauve en faisant le mort après avoir été criblé de balles au niveau des jambes et des bras. C’est le général Yav qui avait donné l’ordre. C’est son jeune frère qui administrait cette prison clandestine. Plusieurs personnes ont été exécutées et enterrées aux alentours de la ferme. Je suis arrivé en France dans un piteux état. Je devais d’abord m’occuper de ma santé avant de parler.
Avez-vous de liens de parenté avec feu le Premier ministre Patrice Lumumba ?
C’est mon oncle.
Vous confirmez donc les déclarations de certains officiers ex-Faz qui affirment avoir été interrogés à Lubumbashi par le commandant Joseph Kabila, présenté alors comme un officier de sécurité de l’APR ?
Affirmatif. En mars 1997, à l’étape de Kisangani, Joseph était encore un membre de la sécurité rwandaise.
Selon vous, qui a tué Laurent-Désiré Kabila ?
Je peux vous dire que le lieutenant Rashidi Kasereka n’est pas l’assassin. Il a eu la malchance de découvrir, le premier, le corps sans vie de Laurent-Désiré Kabila. Il a immédiatement couru vers l’aide de camp, le colonel Eddy Kapend, pour l’informer. C’est ici que Kapend l’a abattu.
Quel est le mobile de l’assassinat de Mzee ?
C’est une vengeance. Une vengeance menée par des proches du général André Kisase Ngandu et ceux du commandant Anselme Masasu Nindaga.
En quelle circonstance avez-vous quitté les Forces armées congolaises (FAC) ?
J’étais commandant de brigade des FAC à Lodja (Kasaï oriental) lors de la deuxième guerre qui a commencé en août 1998. Les « Katangais » qui étaient avec moi me suspectaient d’être en intelligence avec les rebelles du MLC de Jean-Pierre Bemba. Alors que je n’ai jamais eu le moindre contact avec ce dernier. Ma situation a pris une tournure dramatique lorsque la localité de Lodja est tombée entre les mains des forces rebelles du RCD-Goma. En réalité, la chute de Lodja n’a été qu’un coup monté par l’état-major général à Kinshasa. Avant cette débâcle, je me suis rendu dans la capitale pour demander des armes et des munitions. Le général-major Joseph Kabila m’a ordonné de regagner mon poste en promettant de faire droit à ma requête. Joseph nous a envoyé des munitions qui ne correspondaient nullement aux armes. C’est le cas également des obus qui ne s’adaptaient pas aux canons.
C’est une accusation grave de dire que l’état-major général d’alors a envoyé sciemment des armes inutilisables. Dans quel but ?
Je persiste et signe. Le but était de fragiliser Kabila père. Lodja a été conquise par des rebelles du RCD, soutenus par le régime de Kigali.
Voulez-vous insinuer que Joseph Kabila était de connivence avec RCD, soutenu par le régime rwandais ?
Joseph Kabila est un agent double.
Qu’est ce qui s’est passé après la chute de Lodja ?
Sur ordre du général-major Joseph Kabila, j’ai été immédiatement mis aux arrêts et amené à Kinshasa via Mbuji-Mayi à bord d’un avion de la MIBA. Le colonel Jean-Claude Kifwa, alias Tango Tango, est venu à Mbuji Mayi avant mon transfert. J’ai été détenu dans l’ex-ferme du général Baramoto située sur la route du Bas-Congo. Plusieurs Hutus rwandais étaient emprisonnés en cet endroit. Des exécutions sommaires avaient régulièrement lieu.
Comment êtes-vous sorti de là?
J’ai eu la vie sauve grâce à la complicité bienveillante de quelques militaires.
Quel sentiment éprouvez-vous aujourd’hui ?
Un sentiment de colère et d’indignation. Aucun Congolais qui aime véritablement le Congo ne peut accepter que Joseph Kabila soit à la place où il se trouve. Jean-Pierre Bemba n’est pas parfait. Mais, c’est un Congolais. Nous devons le soutenir.
Pourquoi avez-vous décidé de parler seulement maintenant ?
On a tenté de m’exécuter dans la ferme de Baramoto. J’ai eu la vie sauve en faisant le mort après avoir été criblé de balles au niveau des jambes et des bras. C’est le général Yav qui avait donné l’ordre. C’est son jeune frère qui administrait cette prison clandestine. Plusieurs personnes ont été exécutées et enterrées aux alentours de la ferme. Je suis arrivé en France dans un piteux état. Je devais d’abord m’occuper de ma santé avant de parler.
Avez-vous de liens de parenté avec feu le Premier ministre Patrice Lumumba ?
C’est mon oncle.
Propos recueillis par B. Amba Wetshi
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