16 octobre 2011

RDCONGO: Kamerhe prêt a un accord avec Tshisekedi, non pour un ralliement

Revenu au pays le mardi 11 octobre après plusieurs semaines d’absence, Vital Kamerhe est reparti en Afrique du Sud dès mercredi 12 octobre. Peu avant d’embarquer, il s’est confié aux chevaliers de la plume, afin d’expliquer sa vision des choses, en rapport de la rencontre attendue avec Etienne Tshisekedi, à l’issue de la tournée de ce dernier à l’Est du pays.

"Mon parti n'a consacré à ce jour personne comme candidat commun de l'Opposition ", souligne le leader de l’Union pour la Nation congolaise (UNC)

A l’instar d’un ingrédient indispensable à la cuisine, Vital Kamerhe est mangé à toutes les sauces. Entre deux avions, cet homme-événement s’est confié à la presse. Occasion pour le leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de faire entendre sa partition sur ce qui passe pour le sujet de toutes les passions. A savoir la candidature commune de l’Opposition. Une question qui n’embarasse nullement Vital Kamerhe. Bien au contraire. Ce major de l’opposition peut même être considéré comme le héraut du rassemblement de l’opposition dans la perspective des élections. Vital Kamerhe s’était, en effet, lancé dans une croisade à travers toutes les loges de l’opposition à l’effet de déclencher une démarche unitaire. On a vu le leader de l’Unc arpenter les rues de Kinshasa à la rencontre de tous ses pairs de l’opposition.

Même si beaucoup d’eau a, depuis coulé sous le pont, Kamerhe déclare rester dans le même état d’esprit. C’est ainsi qu’il indique avoir été très heureux d’avoir reçu l’invitation de son aîné Tshisekedi. Mais, des difficultés d’agenda n’ont pu permettre cette rencontre durant les tournées respectives de deux leaders de l’opposition. Pour autant, Vital Kamerhe se dit toujours disposé à rencontrer son aîné Tshisekedi. Mais, avec de bonnes prédispositions. J N.

Monsieur Vital, vous venez de rentrer au pays après une longue tournée à l’extérieur du pays, la question brûlante, c’est autour de la candidature commune de l’opposition. Vous avez toujours souscrit à cette idée. Mais, quelle est l’évolution des contacts que vous avez entrepris?

Je dois d’abord préciser que je n’avais pas seulement souscrit à la démarche, mais j’étais même à la base de cette démarche. Car, j’avais fait le tour de tous les leaders de l’opposition. Moi, je me disais qu’il faut partir à temps, avant que les différentes candidatures ne s’expriment et ne soient avalisées par les différents partis politiques. Car quand les partis politiques ont déjà investi leurs candidats, ça devient compliqué. Et j’avais vu le président Etienne Tshisekedi, j’avais vu Christian Badibangi, j’avais vu beaucoup de monde, tout le monde a vu les images à la télévision. J’avais fait le tour de tous les grands leaders de l’opposition. J’avais donné les axes de rassemblement de cette opposition.

Après, j’ai fait une conférence de presse où j’ai dit que ma main était tendue, en direction du président Etienne Tshisekedi. En réponse, le président Etienne Tshisekedi, quand il a déposé sa candidature, tout le monde l’a entendu, il a dit qu’il mettait fin à toute négociation. Mais, quand moi je suis allé déposer ma candidature, j’ai dit que j’espérais que nous pouvons toujours nous rassembler. Et c’est dans ce contexte-là que j’ai été très heureux de recevoir le message, l’invitation de mon aîné Etienne Tshisekedi, qui m’invitait à le rencontrer à Bruxelles, à Montréal ou à Washington, aux Etats-Unis d’Amérique.

J’ai expliqué qu’il n’était pas possible de le rencontrer à Bruxelles et à Montréal, car mon agenda ne le permettait pas. J’étais invité par des chefs d’Etat africains qui voulaient me recevoir. Après l’étape africaine, je me suis rendu à Washington où mon équipe m’avait déjà précédé. Cela ressort clairement dans la mise au point du professeur Nemba Lemba qui accompagne le président Etienne Tshisekedi, qui l’a dit très clairement. Quand j’arrive à Washington, on me dit que le président Etienne Tshisekedi doit aller à Raleigh en Caroline du Nord, et qu’il est bon que l’on puisse se rencontrer après sa tournée à l’Est, et il y tient. Ce à quoi je souscris.

Mais, dans la même mise au point, il est dit, et c’est très important, qu’à 52 jours du scrutin, est-ce que Monsieur Vital Kamerhe est prêt à se désister en faveur d’Etienne Tshisekedi? Et là, je voudrais lire cet extrait du professeur Loseke : «Rien n’est moins sûr, car cette décision grave l’obligerait à battre immédiatement campagne pour Tshitshi. Ce qui ne serait l’avis de sa base. Le dilemme est total.» Alors que moi que j’attendais que nous puissions nous rencontrer après la tournée du président Etienne Tshisekedi à l’Est.

Et il ajoute: «A 51 jours du scrutin, trois candidats émergent du lot, selon les sondages effectués par les ambassades et par des maisons de sondage. Ce sont Tshisekedi, Kabila et Kamerhe».

«Ayons au moins un accord sur les stratégies communes de l’opposition»

Mais, à la fin, il ajoute : «Monsieur Etienne Tshisekedi n’est pas pour le partage des responsabilités. Et que tous ceux qui voudraient exercer des responsabilités, ça sera après les élections. Et chacun sera récompensé selon son nombre des députés à l’Assemblée nationale».

Et donc, à ce niveau-là, si je dois tirer quelques leçons, la première est que le professeur Loseke, qui parle au nom du président Etienne Tshisekedi, lui-même, après avoir consulté la base, après avoir recueilli les nouvelles qui viennent de l’Est du Congo, il réalise que l’Est du Congo ne veut pas que je puisse conclure cet accord. Bien que moi-même j’avais dit qu’il était possible de trouver des points de convergence pour vaincre.

Deuxième leçon, ce que Monsieur Tshisekedi ne voudra jamais du ticket gagnant, ça c’est clair. Et troisième leçon, l’opposition ne doit donner l’impression que si nous ne sommes pas ensemble, le président Kabila va gagner. Ça, ce serait travailler pour le président Kabila. Moi je propose que, faute d’un accord – moi je continue de croire que l’accord est possible alors que eux ils disent que c’est impossible – sur le ticket gagnant, ayons un accord sur les stratégies communes de l’opposition.

Nous sommes sur le terrain, que les témoins de l’UNC, déployez-vous à l’Est, les témoins de l’UDPS, déployez-vous au centre, les témoins du MLC, déployez-vous à l’Ouest, et d’autres partis qui pourraient nous compléter afin d’éviter la tricherie. S’il n’y a pas de tricherie, c’est clair que Messieurs Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe seront en première position, et le président actuel va partir, et nous aurons l’alternance. Ne donnons pas l’impression d’une opposition inutillement divisée alors que nous avons toutes les cartes entre nos mains.

On nous a inoculé un message dans nos cerveaux, et nous le répétons à longueur de journée, et c’est le vœu de ceux qui sont en débandade. Ce que nous devons faire ici, c’est de nous battre pour qu’il n’y ait pas tricherie. Mais ceci dit, dans le communiqué rendu public par le porte-parole de l’UNC, il est dit ceci : «De retour au pays, le Président national de l’UNC réaffirme sa disponibilité à rencontrer quiconque s’inscrirait dans le schéma de la recherche d’un candidat commun de l’opposition». Et j’en profite pour dire que l’UNC n’a consacré à ce jour personne comme candidat commun de l’opposition, comme cela a été dit sur Télé 5O où on nous aurait attribué un soutien au président Kengo de l’UFC, que j’aime bien, mais il n’est pas notre candidat commun.

Que cela soit clair. Et qu’on ne démobilise pas ma base. Jusqu’au moment où nous parlons, je suis bel et bien candidat à l’élection présidentielle.

Des troubadours à l’EST

Que la base se mette au travail, s’il y a des accords ils seront informés, mais qu’ils ne se laissent pas distraire. Nous sommes bel et bien déterminés à aller jusqu’au bout. Mais, je n’exclus pas des négociations avec mon aîné Etienne Tshisekedi.

Cependant, il doit instruire ses militants d’avoir une attitude apaisante qui facilite cet accord. On ne peut pas en même temps demander à Monsieur Vital Kamerhe de conclure un accord avec son aîné Etienne Tshisekedi, que j’aime bien, mais en même temps on dépêche à l’Est du Congo des troubadours, pour saper l’action de M. Vital Kamerhe et son crédit.

Ici, à Kinshasa, certaines chaînes de télévision s’en prennent à Vital Kamerhe, comme si c’est moi qui étais au pouvoir. Je dis à mes amis qui entourent Etienne Tshisekedi qu’ils sont en train de se tromper de cible, car le pouvoir est détenu par M. Joseph Kabila. C’est lui la cible que nous devrions tous viser, faire le contraire, c’est faire le jeu de Kabila. Je suis disposé à rencontre M. Etienne Tshisekedi, nous devons nous rencontrer avec de bonnes prédispositions.

Nous ne devons pas parler en termes de ralliements, mais d’un accord pour que nous puissions mettre nos efforts ensemble. Je vous soutiens, vous me soutenez, et nous soutenons les autres. Car, nous sommes une opposition plurielle, ce ne devrait pas être seulement une affaire des seuls Kamerhe et Tshisekedi. Nous devons rassembler tout le monde, je crois que c’est possible.

Source: Kongo Times

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