Ces dernières années, plusieurs campagnes internationales ont
souligné le rôle joué par la «guerre des minerais», à l'instar du coltan
utilisé dans de nombreux appareils électroniques, dans la violence
endémique qui touche la République démocratique du Congo et ses voisins.
Mais un conflit encore plus meurtrier est peut-être à prévoir
maintenant que le Congo semble assis sur un effroyable tas de pétrole.
A combien s'élèvent ces réserves? Les gisements pétroliers de la
région pourraient contenir plus de 6 milliards de barils –la découverte
pétrolière la plus importante depuis des décennies, ce qui
représenterait, au cours actuel, environ 28 fois le PIB total du Congo.
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En dehors de ses conséquences environnementales, le pétrole pourrait
créer une poudrière géopolitique.
Le gisement pétrolier supposé
chevauche les 37.000 km² de la province du Nord-Kivu, une région où
s'affrontent depuis longtemps le gouvernement congolais et des groupes
rebelles tutsis. Le conflit a déjà fait des centaines de milliers de
réfugiés, et de nouvelles flambées de violence ont été répertoriées
cette année.
Pour rendre les choses encore plus compliquées, une dispute
frontalière oppose toujours le Congo et l'Ouganda, même si elle s'était
provisoirement soldée par un conflit armé entre les deux pays en 2007
(l’Ouganda entend aussi devenir une zone pétrolifère, en ayant récemment
revu à la hausse ses réserves estimées, qui dépassent aujourd'hui les
3,5 milliards de barils). De l'autre côté du Congo, le pays doit encore
résoudre un conflit avec l'Angola portant sur des gisements gaziers au
large de ses côtes occidentales.
Aujourd'hui, il n'y a qu'une seule compagnie qui exploite le pétrole
au Congo, mais l'hydrocarbure est déjà la principale source de revenus
de Kinshasa, et comme l'a fait remarquer cette année l'ICG, la corruption et le gâchis symbolisent depuis longtemps le secteur pétrolier congolais.
L'ONG craint que toute nouvelle découverte «redéfinisse la géopolitique du pays»
en encourageant des groupes sécessionnistes et en ravivant des conflits
frontaliers. Dans une région aussi instable, maudite depuis longtemps
par ses généreuses ressources, de nouveaux gisements d'or noir ne vont
certainement pas améliorer la situation.
Joshua E. Keating
Source: slate.fr
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