Moïse Katumbi et trois autres gouverneurs
provinciaux de la RDC, ainsi qu’un ancien directeur de cabinet de Joseph
Kabila, sont soupçonnés de fraude et de corruption. C’est ce qui ressort de la
plainte déposée mardi par un conseiller spécial du chef de l’État congolais,
que l’AFP dit avoir pu consulter le lendemain.
On le savait déjà. Dans le bras de fer qui oppose
depuis quelques mois Joseph Kabila et Moïse Katumbi, tous les coups sont
permis. Dernière illustration en date : la plainte pour corruption, fraudes et
détournements déposée au nom du chef de l’État, le 23 juin, devant le parquet
général de la République, par Luzolo Bambi, son conseiller spécial en matière
de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme.
Une procédure qui viserait
plusieurs personnalités dont le gouverneur du Katanga accusé de
« fraude douanière », selon l’AFP qui a pu consulter mercredi le «
document d’une vingtaine de pages ».
Parmi les suspects, on retrouve également de très
proches collaborateurs du chef de l’État, sur qui reposent des soupçons de
corruption : Marcellin Cishambo, gouverneur du Sud-Kivu et ancien conseiller du
président de la République, Gustave Beya Siku, ancien directeur de cabinet de
Joseph Kabila récemment éjecté de son poste. Mais aussi Alex Kande, gouverneur du
Kasaï occidental, dans le centre du pays.
La « contre-offensive » du président
« Joseph Kabila a bien choisi le moment pour passer
à l’attaque, sachant que les trois gouverneurs visés quitteront leur fonction
d’ici le 30 juin avec l’installation des nouvelles provinces », estime une
source diplomatique à Kinshasa. D’autant que depuis début janvier, on
s’attendait à une « contre-offensive » du chef de l’État, après les
propos de Katumbi sur le ‘troisième faux penalty ‘[entendez l’opposition de ce
dernier à un troisième mandat du président sortant, NDRL]. « Il avait même annoncé la couleur lorsqu’il s’était rendu à
Lubumbashi, dénonçant la pauvreté des populations qui vivent dans
une province minière et la plus riche du pays », ajoute notre source.
À ceux qui considèrent qu’il s’agit d’une stratégie
politicienne pour barrer la route du palais de la Nation à Moïse Katumbi,
à qui l’on prête des ambitions présidentielles en 2016, un proche du chef de
l’État, comme souvent en RDC, répond par une question : «
Que dira-t-on du cas de l’ancien directeur de cabinet du président [Beya] ou de
celui de son ancien conseiller [Cishambo] qui sont également visés
par la plainte présidentielle ? ». Et d’ajouter : « Il serait aujourd’hui
malvenu de tenter de remettre en cause la justesse de l’action du président qui
veut établir la lumière sur les malveillances financières dans le pays. »
Katumbi « prêt à prendre ses
responsabilités »
Ce n’est pas la première fois que le pouvoir tente
de saper l’image de Moïse Katumbi.
Dans l’entourage du gouverneur sortant du Katanga,
on ne se dit « pas surpris » par cette plainte. « Ce n’est pas
la première fois que le pouvoir tente de saper l’image de Moïse Katumbi,
rappelle l’un de ses conseillers. Déjà en 2010, une plainte avait
été déposée à Bruxelles et à Londres par l’État congolais contre Katumbi
pour blanchissement d’argent et achat d’armes. La procédure s’était soldée par
un non-lieu ».
Et à chaque fois, « c’est toujours Luzolo
Bambi, à l’époque ministre de la Justice et aujourd’hui conseiller spécial du
chef de l’État, qui est à la manœuvre. Et comme en 2010, le pays se trouve à la
veille d’une présidentielle et on soupçonne Katumbi d’avoir des ambitions pour
le scrutin », rappelle-t-il. Avant de lâcher : « On dirait
qu’ils ont peur que Katumbi brigue la magistrature suprême. »
À en croire ce conseiller du gouverneur, Katumbi
est « serein » et attend que soient officiellement signifiées
les accusations portées contre lui. « Il sait que c’est lui qui est visé :
c’est lui le plat principal et les autres personnes citées ne sont que
la garniture », explique-t-il, soulignant toutefois que le gouverneur
du Katanga se dit « prêt à prendre ses
responsabilités. » Sans donner plus de détails.
Source : jeune afrique
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