09 juillet 2006

RDCongo: Les Laïcs chretiens parlent "C'est maintenant que tu dois prendre possession du pays que Dieu t'a donné" (Josué 18,3).



Peuple congolais,
Cette lettre te parviendra en cinq langues (français, lingala, swahili, tshiluba et kikongo) afin que, dans chaque hutte, dans chaque case et dans chaque famille congolaise mais aussi dans chaque Paroisse, dans chaque Usine, dans chaque Entreprise, dans chaque service public, dans chaque Ecole, dans chaque Université ou Institut supérieur…, un débat de fond puisse s’engager sur notre devenir collectif en tant que peuple réellement libre et maître de son destin. C’est pourquoi, elle débute par un bref rappel historique (d’où viens-tu ?) ; elle se poursuit par un rapide état des lieux (où te trouves-tu aujourd’hui ?) et se termine par une esquisse des sombres perspectives qui s’ouvrent à toi (où vas-tu ?)…si tu ne réagis pas correctement maintenant pour enfin prendre effectivement possession du pays que Dieu t’a donné.
Peuple congolais,
C’est ce dimanche 04 janvier 1959 - il y a un peu plus de 47 ans aujourd’hui ! - que tu vas manifester « bruyamment » ton ras-le-bol au sujet de ta détestable condition d’asservi et ton ardent désir d’émancipation. Tu nous pardonneras cette impertinence mais, au vu de ce que nous observons sur le terrain depuis lors, nous sommes souvent amenés à nous demander si c’était réellement cela le vrai sentiment qui t’animait. Toujours est-il que le Roi des Belges - qui, en tant que tel, exerce sa souveraineté sur le Congo - réagit positivement à ta revendication en décidant de t’accorder l’INDÉPENDANCE … « sans atermoiements funestes mais sans précipitation inconsidérée » ! Un an après cette mémorable journée, des chefs coutumiers, des délégués d’associations tribales ou culturelles, des chefs de partis politiques se réunissent, en ton nom, à Bruxelles, avec la partie belge. En toute logique, tu attends d’eux qu’ils négocient, avec tout le sérieux nécessaire, les conditions dans lesquelles cette indépendance te sera accordée. Peut-on dire aujourd’hui qu’ils ont correctement répondu à tes attentes en réclamant une « indépendance immédiate et totale au 30 juin 1960 », soit après une transition d’à peine quatre mois ?
Peuple congolais,
Souviens-toi que c’est moins d’une semaine après la proclamation de cette indépendance que l’Armée s’est mutinée, que la province du Katanga est entrée en sécession suivie de peu par le Sud-Kasaï. A Kinshasa (alors Léopoldville), la majorité parlementaire choisie par toi – à la suite d’élections dites « libres, démocratiques et transparentes » – et dirigée par Patrice Emery Lumumba, a été neutralisée et mise en congé avant d’être…décapitée à travers l’assassinat de son leader. Qu’as-tu pu faire, toi le souverain primaire, toi le patron, pour arrêter cette dérive ? Rien ou presque ! En 1965, une nouvelle majorité parlementaire choisie de nouveau par toi – à la suite d’élections « libres, démocratiques et transparentes » ! – et conduite par Moïse Tshombe, est empêchée d’exercer son leadership. La crise institutionnelle qui en résulte servira de prétexte au Général Mobutu, du reste fortement soutenu par les puissances extérieures, pour s’emparer du pouvoir et cela, sous tes applaudissements ! Entre 1965 et 1990, le Général Mobutu va régner sans partage sur ton pays certes avec une forte dose de contrainte, d’intimidation et de terreur. Mais, peut-on oublier que toi, le patron, tu lui as souvent facilité la tâche en courbant l’échine, en dansant pour lui… bref, en te transformant en obligé, en serviteur mieux, en esclave ? Qui peut oublier cette terrible phrase du Maréchal Mobutu : « Le peuple (congolais) me doit tout » ?
Peuple congolais,
Qu’advint-il au début des années 90 après la chute du mur de Berlin et le Sommet franco-africain de La Baule (en France) ? Une vague des « Conférences Nationales Souveraines » déferle sur l’Afrique noire francophone. Celles-ci sont censées faire une lecture plus pointue de l’histoire de nos pays en trente années (1960-1990) d’indépendance formelle avant de tirer un trait définitif - du moins l’espères-tu - sur ce passé que tu veux vite oublier. Que feras-tu, toi le patron, lorsque sera neutralisé le Premier Ministre pourtant démocratiquement élu par les quelques 3.000 participants issus de toutes les sphères de la société pour diriger le Gouvernement de Transition ? En 1997, l’AFDL prend le pouvoir certes par les armes. Mais, aurait-elle pu tenter un tel coup si elle n’avait pas acquis la quasi-certitude qu’à défaut de coopérer ouvertement, tu laisserais faire ? Il se fait que cette prise du pouvoir par les armes et…sous tes applaudissements créera un précédent aux conséquences incalculables. En effet, la voie semble désormais grandement ouverte à tout conglomérat d’aventuriers tenté de conquérir le pouvoir par les armes. C’est ce qui arrive du reste à peine une année après la fameuse libération de l’AFDL lorsque les parrains extérieurs de cette dernière déclenchent une nouvelle guerre - particulièrement meurtrière et destructrice - contre leurs protégés d’hier ! Comme, cette fois-ci, il n’y a ni vainqueurs ni vaincus, ce conflit se terminera autour d’une table à Sun City et à Pretoria (Afrique du Sud) où des délégués des belligérants, des partis politiques et des forces vives se retrouvent pour négocier les conditions du retour à la paix et à la démocratie. Une nouvelle période de transition de deux à trois ans est, une fois encore, convenue entre les parties. Peut-on, cette fois-ci, espérer que cette transition sera la dernière au vu des péripéties qui l’ont émaillé depuis son démarrage, péripéties dont l’organisation bâclée du référendum constitutionnel, l’inversion de l’ordre des scrutins préalablement convenu et l’exclusion tacite du processus électoral de certaines forces politiques significatives, risquent de conduire le pays tout entier à l’éclatement ?
Peuple congolais,
Voici donc plus de quarante cinq ans que tu es, sur papier, ton propre patron. Quel bilan peux-tu dresser ? CATASTROPHIQUE !!! A nos yeux, ce bilan est en effet catastrophique parce que des pays comme la Corée du Sud, l’Afrique du Sud - voire même le Canada - étaient, en 1960, à peu près au même niveau de développement que le Congo, ton pays. Aujourd’hui, l’écart entre ces derniers pays et le tiens donne tout simplement le vertige. Chez toi, il n’y a plus d’écoles, plus d’universités, plus de Centres ou Instituts de recherche dignes de ce nom. L’eau et l’électricité sont devenues des denrées rares même dans ta Capitale. Les routes, les chemins de fer, la navigation fluviale, lacustre et maritime, le transport aérien…bref, toutes les infrastructures de transport sont, soit détruites, soit complètement délabrées. L’Armée, la Police et les autres services de sécurité sont clochardisés. La Magistrature, la Santé publique, l’Administration publique et territoriale, la Diplomatie, l’Agriculture, l’Environnement, le Tourisme, la Culture, le Sport….tout, absolument tout, est détruit. Par la faute de qui ? Par la faute de ceux-là mêmes pour qui tu danses et tu chantes depuis 1960 ! Et qui cherchent à décrocher demain un nouveau mandat mieux, un chèque en blanc pour continuer à te clochardiser derrière un semblant de prospérité que leurs complices extérieurs te font déjà miroiter. Comme ces hommes et ces femmes savent que le vrai patron, c’est toi, ils font tout pour que tu ne puisses jamais en prendre conscience. Ils savent bien que le jour où tu le découvriras, tu vas complètement changer de comportement à leur égard. Que fait en effet un patron conscient de son pouvoir et de ses responsabilités ? Il commence par s’organiser et se donner les moyens de sa puissance afin qu’en toutes circonstances, ses serviteurs aient réellement peur d’enfreindre les règles édictées par lui pour gérer son patrimoine. S’ORGANISER, voilà le maître mot ! S’organiser pour installer définitivement la peur dans le chef de ses serviteurs. S’organiser parce qu’il faut faire l’inventaire de ses forces et de ses faiblesses en vue d’assurer en permanence le contrôle total de son patrimoine.
Peuple congolais,
Tes forces (à savoir, des potentialités considérables et diversifiées) étant trop connues, quelles peuvent être tes principales faiblesses, les principaux obstacles qui t’empêchent de décoller ? On en dénombre généralement - et à titre principal - au moins deux : ton ignorance et…ton extrême pauvreté. Il est vrai que tu peux avoir deux ou plusieurs faiblesses dont ton extrême pauvreté - synonyme d’extrême vulnérabilité, d’extrême malléabilité - n’est pas la moindre. Mais, n’est-ce pas là justement le comble des paradoxes qu’avec une telle concentration de potentialités, tu puisses afficher une pauvreté aussi scandaleuse ? Non, convenons que, quel que soit leur nombre, quelle que soit leur nature, tes faiblesses semblent avoir toutes le même dénominateur commun : l’IGNORANCE !
Seule ton ignorance peut en effet expliquer ce qui t’est arrivé depuis que tu as formellement pris ton destin en mains. Un rapide « flash back » sur tes quarante cinq ans d’existence en tant que peuple « libre » permet de le démontrer. N’est-ce pas ton ignorance qui, en arrière plan, explique la complaisance avec laquelle tes délégués à la Table Ronde de Bruxelles (janvier - février 1960) traitent les questions essentielles engageant ton avenir ? N’est-ce pas ta méconnaissance des enjeux réels qui explique l’audace de ceux qui ont craché sur tes choix « démocratiques » de 1960 (avec la mise à mort du gouvernement Lumumba) et de 1965 (avec l’obstruction faite à la majorité parlementaire dirigée par Tshombe) ? N’est-ce pas ta non maîtrise des réalités qui explique l’avènement facile et l’extrême longévité du régime Mobutu ? N’est-ce pas ton ignorance qui explique la témérité avec laquelle ton Premier Ministre pourtant démocratiquement élu à la CNS est neutralisé sans autre forme de procès ? N’est-ce pas toujours cette même méconnaissance des vrais enjeux qui explique tout ce qui est arrivé à ton pays depuis l’avènement de l’AFDL jusqu’à cette organisation cavalière du dernier référendum constitutionnel ? Enfin, ton étonnante passivité suite à l’inversion par la « Commission Electorale Indépendante » de l’ordre normal et, à nos yeux, impératif des scrutins (commencer par la base pour terminer par le sommet) n’est-elle pas, là encore, imputable à ton ignorance des conséquences extrêmement dommageables de cette manœuvre ?
Peuple congolais,
Ton premier et seul vrai ennemi est donc bel et bien celui-là : l’IGNORANCE. Cet ennemi sans lequel tes autres ennemis - appelons-les secondaires - ne sauraient rien faire contre toi. Pour t’atteindre, tes autres ennemis de chair et d’esprit en font en effet leur principal allié, leur complice le plus efficace. Comment, sans sa complicité, ces hommes et ces femmes congolais et leurs parrains extérieurs pourraient-ils, un seul instant, envisager par exemple de truquer des élections pour ensuite les qualifier de libres, démocratiques et transparentes ? Comment, sans sa complicité, ces hommes et ces femmes congolais aux « mains sales des richesses perfides, rouges du sang de nos compatriotes ou pleines des démissions face à ta misère » (de plus en plus révoltante) oseraient-ils encore se présenter à toi pour solliciter ta confiance ? Comment, sans cette ignorance massive des enjeux réels, resterais-tu impassible face aux ingérences quotidiennes dans tes affaires intérieures, ingérences tout à fait inacceptable par aucun peuple au monde ? Comme ton « élite » ne peut être que l’exact reflet de ce que tu es, il devient absolument nécessaire de revenir à toi pour s’attaquer à la racine de ce mal qui te bloque.
Peuple congolais,
L’ignorance étant clairement identifiée comme étant effectivement le mal absolu, la mère de tous tes maux, tu peux, en tant que patron et, désormais, conscient de l’être, décider de l’éradiquer au plus vite. Tu peux décider d’y mettre fin, au plus tard dans dix ans. Pour ce faire, tu ouvriras, dans chaque village ou quartier, un centre d’alphabétisation des adultes. Car, en plus de l’enseignement obligatoire et gratuit jusqu’à l’âge de 16 ans, tu peux décider qu’apprendre à lire et à écrire en Swahili, Lingala, Tshiluba ou Kikongo soit désormais l’horizon minimum de tout Congolais adulte désireux de jouer pleinement son rôle de citoyen. Mais, que faire en attendant la réalisation de cet objectif ? Que faire pour que, dans cet intervalle de dix ans, ce terrible handicap ne profite plus à tes ennemis intérieurs et à leurs parrains extérieurs ?
Peuple congolais,
C’est ici que tu dois faire preuve d’imagination, de créativité et d’inventivité. Car, il s’agit en fait d’une question de vie ou de mort. En effet, dans plusieurs milieux à l’intérieur de ton pays comme autour de tes frontières et au-delà, des esprits brillants – d’aucuns diraient « à l’intelligence diabolique ! » – travaillent nuit et jour à ton maintien dans l’asservissement. Il s’agit donc d’imaginer une formule imparable, des mécanismes à la fois simples et efficaces capables de déjouer les noirs desseins de ceux qui cherchent à t’asservir à jamais avec la complicité de certains de tes fils et filles indignes. Il s’agit de faire échec à ceux qui veulent que le Congo devienne la propriété des puissants de ce monde et non ta propriété éternelle. Il s’agit de s’assurer qu’en attendant l’éradication de l’analphabétisme (principale cause de ton ignorance), ta Collectivité, ta Commune, ta Ville, ta Province, ton Entreprise et tout ton pays soit dirigé désormais par des serviteurs qui, craignant ton impitoyable sanction, commencent enfin à se comporter avec beaucoup de sagesse. Il s’agit de faire en sorte que, dès maintenant, chaque centime qui te revient tombe effectivement dans tes caisses et n’en sorte que pour régler tes vraies créances. Il s’agit de tout faire pour que, du malheureux milliard de dollars US (ou un peu plus) difficilement mobilisé aujourd’hui, tu réunisses - au terme des douze premiers mois indispensables aux nécessaires réformes et autres réglages - dix milliards de dollars US chaque année pour commencer enfin à .développer ton pays. Il faut en effet démarrer, sans plus tarder, un vaste programme de développement correspondant aux multiples défis que ton pays doit relever.
Peuple congolais,
Ton premier geste de peuple réellement libre et conscient de son énorme pouvoir - geste qui va surprendre, désarçonner et désorienter tous tes ennemis intérieurs et leurs parrains extérieurs - sera de ne plus jamais accepter de participer à une consultation électorale ou autre dont tu ne maîtrises pas les tenants et les aboutissants. Tu dois en effet, commencer à refuser toute consultation électorale dont tu ne maîtrises pas les enjeux afin de ne plus continuer à te faire le complice de tes bourreaux. Ton premier réflexe sera désormais de te poser à chaque fois la question suivante : Quelles sont les conséquences politiques, économiques, sociales, culturelles, environnementales ou autres de mon choix pour ou contre ? La dernière consultation référendaire montre en effet à quel point une question d’une très grande importance peut être banalisée voire « folklorisée » à partir du moment où 80 % des consultés ne peuvent même pas saisir la portée de leur choix encore moins les grandes articulations du texte qui leur est soumis ! C’est en effet à partir de maintenant que tu vas commencer à découvrir les véritables enjeux de cette Constitution conçue pour mieux t’asservir. En vrai patron, tu dois exiger désormais une vraie démocratie, celle qui puisse te permettre d’opérer - en âme et conscience - un choix rationnel et responsable au moment du vote, afin de pouvoir suivre avec toute la rigueur nécessaire, le travail de tes élus tout au long de leur mandat, avant de leur infliger la sanction qu’ils méritent au terme de celui-ci.
Peuple congolais,
Pour surprendre, désarçonner et désorienter tes ennemis intérieurs et leurs parrains extérieurs, invente pour tes citoyens la seule vraie démocratie qui vaille la peine d’être vécue c’est-à-dire celle qui privilégie le contenu plutôt que la forme, la substance plutôt que la procédure. Il faut en effet noter que, pour mieux te soumettre, tes ennemis intérieurs et leurs parrains extérieurs ont trouvé une astuce en or et pratiquement imparable à l’heure actuelle : le suffrage universel ! Qui peut en effet aujourd’hui oser remettre en cause le principe du suffrage universel sans s’attirer les foudres de toutes ces âmes bien pensantes qui peuplent notre planète ? Mais en même temps, on est en droit de se demander à quoi rime un tel procédé lorsque tes dirigeants au plus haut sommet de l’Etat sont, en fait, préalablement « sélectionnés » par la fameuse Communauté Internationale avant d’être « légitimés » par toi à travers des élections dites libres, démocratiques et transparentes ! Aucun peuple sérieux, aucun peuple responsable ne peut accepter que certains de ses enfants notoirement inféodés aux puissances étrangères viennent solliciter auprès de lui une sorte d’autorisation légale pour brader le patrimoine national au profit de leurs « patrons » étrangers. Un peuple qui accepterait cela serait pour toujours méprisé par le reste du monde. Il est vrai que tout peuple épris de paix et de justice aspire à être, à travers ses dirigeants, ami de tous les peuples du monde. Donc, serviteur du seul peuple congolais et ami de tout le monde, OUI ; mais « commissionnaire » de tous les puissants de ce monde auprès du peuple congolais, NON, NON et NON ! Démocrates jusqu’à la moelle des os, nous sommes bien sûr pour le suffrage universel, mais, contrairement à ce que pensent certains, ce modèle est tout à fait adaptable à nos réalités parce que l’important en démocratie c’est de préserver, quoi qu’il en coûte, ton statut de patron. Cette adaptation ne peut s’opérer sereinement qu’une fois libéré du carcan dans lequel tu es aujourd’hui enfermé. Sais-tu par exemple que l’inversion de l’ordre des scrutins opérée par la CEI visait à endiguer le « raz de marée purificateur » que le travail en profondeur sur le profil des dirigeants réalisé par les confessions religieuses risquait de provoquer à partir de la base ? Il fallait donc commencer par le sommet – là où ton ignorance des enjeux cause le maximum de dégâts ! – pour que les échelons inférieurs soient à l’image de celui-ci et non l’inverse !
Peuple congolais,
C’est après ta victoire sur ces forces du mal – certes très puissantes mais pas autant que toi ! - que tu pourras engager les indispensables réformes pour remettre les choses en place. Il te sera en effet loisible de réhabiliter l’autorité traditionnelle aujourd’hui réduite au rôle de simple machine à « couronner » les autorités politiques ! Tu pourras mettre en place des mécanismes appropriés pour récompenser, stimuler, faire honneur au mérite, au talent et à l’esprit d’entreprise…C’est ainsi que, même peu ou pas alphabétisés, les commerçants, les planteurs, les éleveurs, les transporteurs routiers, fluviaux ou lacustres mais aussi les créateurs artistiques ( musiciens, plasticiens et autres ) devront faire l’objet d’une attention particulière dans la mesure où ils constituent à leur manière un modèle à suivre.
Mais, d’ici là, il faut d’abord gagner ces élections ou plutôt empêcher tes ennemis intérieurs et leurs parrains extérieurs de les gagner. Dieu merci, dans chaque hutte, dans chaque case, dans chaque famille congolaise évolue au moins un homme ou une femme capable de saisir à la fois la gravité de la situation et la portée de cette lettre. C’est à cet homme et à cette femme qu’incombe la charge d’expliquer aux autres destinataires de cette lettre qui l’entourent que ta survie en tant que peuple est en jeu. En organisant ces élections dans la précipitation et dans un ordre renversé, tes ennemis intérieurs et leurs parrains extérieurs cherchent à te surprendre et à t’extorquer cette LEGITIMITE dont ils ont tant besoin pour poursuivre de plus belle leur sale besogne. A ton tour de les surprendre – tel est surpris qui croyait surprendre ! – en demandant aux citoyens d’adhérer librement au schéma ci-après dont le principal mérite est qu’il transforme chaque voix en…or ! Ici, toute voix susceptible d’être « bradée » est, en quelque sorte, retirée de la circulation.
Peuple congolais,
La seule façon de faire échec au plan machiavélique de tes ennemis réside dans ta capacité à administrer « de grands remèdes aux grands maux ». Comme ils ont imposé le démarrage du processus par le sommet, à toi de les surprendre en décidant que seuls les citoyens connaissant la valeur exacte de leurs voix à ce niveau te représenteront aux élections présidentielles et législatives. Il s’agit de ceux qui peuvent au moins maîtriser les grandes articulations de ta Constitution – qui sera du reste réécrite après ces élections législatives et sera traduite dans les quatre langues nationales - car, à ce stade, il faut au moins être capable de protéger la Constitution aujourd’hui trop facilement violée. Ceux qui choisiront nos dirigeants au niveau national doivent en effet être capables d’IMAGINER quel Congo ils veulent pour eux et pour leurs enfants afin de choisir avec toute la rigueur nécessaire les hommes et les femmes ayant le profil de la fonction. Les dirigeants provinciaux (gouvernement et assemblée provinciaux) devront être choisis, contrôlés et sanctionnés par les seuls citoyens qui savent au moins lire et écrire en Swahili, Lingala, Tshiluba ou Kikongo non seulement parce qu’il faut parfois écrire à son élu, souvent éloigné, pour lui demander des comptes mais aussi parce qu’il faut inciter les compatriotes analphabètes à se libérer rapidement de cet handicap. Les dirigeants locaux enfin (mini-gouvernement et assemblée locaux) devront, quant à eux, être choisis, contrôlés et sanctionnés par tous les 29 millions de citoyens adultes parce que, compte tenu de la proximité par rapport à leurs gouvernants, tous les congolais adultes connaissent la valeur de leur voix à ce niveau et sont donc capables de faire constamment valoir ton statut de patron. Tes ennemis ne te montreront jamais que le véritable développement de ton pays prend appui sur le travail qui se fait ici c’est-à-dire au niveau local.
Peuple congolais,
Autant la Constitution reconnaît à chaque citoyen le droit de désobéir à tout ordre manifestement illégal, autant elle protège tout citoyen qui refuse de s’inscrire dans un schéma manifestement suicidaire. Refuser de prendre part à un « vote -extorsion » est un acte à la fois subliminal et libérateur. Tu n’as donc aucune crainte à avoir par rapport à cette décision que les générations futures et mêmes présentes salueront comme étant ta seule vraie grande décision de peuple enfin libre !
Tu dois t’imposer cette discipline de fer si tu veux t’affranchir de l’asservissement actuel ; tu dois t’imposer cette discipline de fer pour faire disparaître de la scène politique tous ces médiocres qui y pullulent ; tu dois t’imposer cette discipline de fer si tu veux que ce pays t’appartienne encore demain…bref, si tu veux mettre définitivement fin à la carrière de tous ces politiciens de pacotille, fais disparaître du jeu politique toutes ces « voix de l’ignorance », voix que ces politiciens sans foi ni loi ramassent à la pelle moyennant une bouteille de bière, un pagne, un t-shirt, un poisson, une aspirine… toujours accompagnés d’une montagne de promesses jamais tenues. Du reste, ces minables « présents » proviennent du sang de tes compatriotes versé pour permettre à la plupart de tes dirigeants actuels d’accéder au pouvoir, pouvoir dont ils se sont servi par la suite pour dilapider ton patrimoine. A toi de décider, en toute liberté, d’être effectivement le PATRON en appliquant les propositions ci-dessus ou, au contraire, de demeurer éternellement un esclave, un serviteur, un asservi car, comme dit l’adage, « il existe des peuples colonisables » !
Peuple Congolais,
Pour terminer cette longue lettre, laisse-nous te rappeler que c’est en fait depuis plus de 120 ans qu’en tant que peuple, tu es dominé, soumis et exploité. D’abord, durant 23 ans (1885 -1908), par un Roi – Léopold II – trop grand pour son pays et dont le rêve était de constituer un vaste empire colonial à léguer à son royaume. Ensuite, durant 52 ans (1908 – 1960 ), par le royaume de Belgique qui amorce l’exploitation à grande échelle de tes ressources. Enfin, durant plus de 45 ans (1960 – 2006), de pseudo–indépendance, successivement par le monde dit libre et, depuis la fin de la guerre froide, par le monde, tout court. Voulu par tous les puissants de ce monde, ton asservissement ne peut donc prendre fin que si tu organises de façon intelligente les seules vraies forces dont tu disposes en propre. Tout au long de cette lettre, nous avons désigné ta méconnaissance des enjeux réels comme étant le socle sur lequel se construit le système qui t’exploite. Prends en compte cette ignorance – qui, au demeurant, n’est que relative – dans l’organisation et la distribution des responsabilités citoyennes et tu te seras ainsi doté de la seule arme vraiment efficace dont tu puisses disposer pour arrêter définitivement ton asservissement. Juste un mot sur l’identité de tes fils et filles qui participent à cette sale besogne. Tu dois savoir qu’ils sont dans tous les rouages de la vie politique, économique, académique et scientifique, sociale, culturelle, etc. Ne sois pas surpris de les retrouver jusque et y compris dans les confessions religieuses ! Comment les découvrir ? Rien de plus facile ! Il te suffira de décrypter les différentes réactions au contenu de cette lettre pour savoir qui est qui !
Peuple congolais,
C’est vraiment maintenant que tu dois briser les chaînes qui t’enferment dans une ignorance savamment entretenue pour effectivement prendre possession du pays que Dieu t’a donnée. Lève-toi !
Pour la Plate-forme « DEBOUT CHRETIENS ET CROYANTS »
Modeste MBONIGABA M. MULIMBICoordonnateur Adjoint.Porte ParoleFrançois KANDOLO wa KASHALA,Coordonnateur.
Source: CongoOne.

Aucun commentaire: