08 août 2006

RDCONGO: Les élections dites libres, démocratiques et transparentes ne seraient qu'une vaste escroquerie politique : La grande farce du Congo-Kinshasa

Par Kenge Mulengeshayi.
Les Congolais ont toujours pensé qu'ils étaient des hommes libres, dotés de dignité et créés à l'image de Dieu. Ils sont en train de se rendre à la triste évidence qu'ils ne sont que de tristes jouets dans les mains de la Communauté internationale et des prédateurs occidentaux.Dans ces mêmes colonnes, nous dénoncions la semaine dernière ce que nous avons appelé des élections pour rien dès lors qu'elles ne devraient aboutir à désigner un vainqueur qu'à travers les laboratoires politiques et les salons des chancelleries. Nous nous étonnions de cette tendance à remettre au goût du jour le consensus, le partage dit équitable et équilibré du pouvoir ; à réunir les conditions d'une frustration dont les conséquences seraient, à terme, encore plus redoutables que tout ce à quoi nous avons pu assister jusqu'à ce jour ; enfin à revenir par un chemin détourné au fameux 1+4 ainsi qu'au cycle infernal des concertations dont, pourtant, personne ne semblait encore récemment vouloir.
Moins d'une semaine après, aucun démenti formel n'a ni balayé nos inquiétudes ni évacué les incertitudes. Bien au contraire, la Communauté internationale, par l'entremise du Comité International d'Accompagnement de la Transition et de la Monuc, a relayé et amplifié les menaces contre les médias congolais coupables de rendre publics des résultats selon eux fantaisistes, quand bien même aucune preuve n'a été brandie et aucun média pris la main dans le sac de la " politisation des résultats ".Depuis, ceux qui n'ont aucun intérêt à ce que les choses se passent ainsi ne s'empêchent pas de distiller rumeurs et informations par doses homéopathiques afin de dénoncer l'incroyable complot qui tient à maintenir les Congolais dans un statut de sous-humanité sinon d'animalité. Le Phare a ainsi appris que des conciliabules se tiennent sans désemparer depuis le soir du 30 juillet ; que des ambassades se sont transformées en officines, tandis que des diplomates devenus faiseurs de rois multiplient réunions et pressions, tout ce beau monde n'ayant apparemment aucun souci de ce que le Congo pourrait devenir après l'annonce de résultats, à moins que ce ne soit le souci de transformer les populations de ce sous-continent en chair à canon pour le corps expéditionnaire de l'Eufor RD Congo.
Le CIAT divisé.
Voilà donc où nous amène le projet démocratique piloté à coups de millions d'Euros par la Communauté internationale. Cette nébuleuse qui a permis de dépenser sur le vieux continent et au profit des firmes européennes les fameux 420 millions d'Euros investis dans le processus électoral en RD Congo ! En fait, une entreprise de prédation grâce à laquelle des générations des Congolais devront rembourser au centuple sinon au multiple une aide dont ils n'ont jamais vu la couleur et ce à travers des contrats miniers qui ont transformé la RD Congo en vaste carrière dans les mains des néo-conquistadors du " Far Africa ".Un véritable déni de démocratie, un vol et une extorsion, voilà ce que nous propose la Communauté internationale qui n'a jamais été dans son élément et sa véritable vocation que quand elle soumet d'autres peuples et d'autres nations, les transformant en esclaves et en instruments de sa propre prospérité, quel qu'en soit le prix. Voilà la leçon de démocratie qu'entend nous donner l'Occident civilisateur : on exclut les uns, on en fabrique d'autres à son goût et selon son humeur, même si le résultat devrait être le mépris que ressentirait le peuple pour ses propres dirigeants et la frustration qui accompagnerait un processus vicié jusqu'à l'inévitable implosion. Voilà ce que nous veulent nos prétendus partenaires : diviser le peuple, mettre en place les éléments de la confrontation, préparer l'embrasement sous le prétexte de donner aux Congolais ce qu'ils méritent et qu'ils ne savent pas découvrir par eux-mêmes.Dans cette course à la folie démocratique, le pire pourrait ainsi être à venir. Déjà, on apprend que face à la conspiration, la Communauté internationale elle-même n'est pas toujours aussi unie. Ainsi ceux qui ont toujours cru en des élections inclusives, honnêtes et crédibles, selon le vœu du Secrétaire général de l'Onu, ne comprennent pas qu'on en soit à donner du rôle des Nations Unies cette image lamentable d'une maffia organisée, d'une boîte à combines, d'une instance où s'organise le crime international contre des peuples dont le seul tort est de vouloir s'assumer, de croire dans l'idée d'un Etat de droit et la magie de l'idéal démocratique.Autre source de division, la définition d'une doctrine claire en matière de sécurisation du processus. Selon des informations dignes de foi, des membres influents du CIAT continuent de s'interroger sur les véritables objectifs du projet EUFOR RD Congo. D'abord par rapport au leadership sécuritaire qu'auraient bien voulu assumer certains pays africains. Ensuite, face aux intérêts de plus en plus divergents des membres du Comité International d'Accompagnement de la Transition. Enfin, au regard d'une contestation qui risque d'être simplement populaire - l'exemple de l'Ukraine est encore présent dans tous les esprits - alors qu'en face le concept sécuritaire de l'EUFOR n'admet que le déploiement des armes de guerre.
Tshisekedi avait raison.
Aux dernières nouvelles, on apprenait durant le week-end que des offres ont été ainsi faites à Pierre Pay Pay et à Oscar Kashala pour accepter d'intégrer la nouvelle formule de partage - ironie du sort - équitable et équilibré du pouvoir.Plusieurs rumeurs circulent à ce sujet, notamment celles qui voient tour à tour Oscar Kashala Premier Ministre ou Ministre du Budget. Un véritable délire lorsqu'on sait que cet homme honnête, généreux, nouveau, vierge et qui a ouvert aux Congolais une fenêtre d'espoir sur une autre façon de gérer le pays qu'à travers le crime, le sang et les combines, n'a aucun intérêt à s'associer à ceux dont l'échelle des valeurs est fondamentalement inverse à la sienne. Un Oscar Kashala qui risquerait de se renier, de renoncer à son identité pour ressembler à ceux dont il est censé combattre les funestes projets de prédation. Selon ce que Le Phare a pu apprendre, les premiers sondages discrets réalisés à cet effet dans l'entourage du leader de l'UREC auraient provoqué de sa part colère et indignation, au point qu'on se demandait par quel bout on tenterait encore de le prendre. Pour le reste, Oscar Kashala n'ignore pas, dans sa puissance intuition, qu'il perdrait l'avantage de l'intérêt qu'il a su susciter dans les cœurs des Congolais si, d'aventure, il était séduit par les sirènes de la prédation.Ce n'est pas tout. Les mêmes rumeurs renvoient également l'écho d'une démarche similaire effectuée en direction de Pierre Pay Pay wa Syagassighe dit P3, auquel il serait proposé le poste de Vice-Premier Ministre en charge des Finances. Le roi de Beni-Butembo aurait piqué, a-t-on rapporté, une sainte colère.Dans tous les cas, les observateurs notent que si cette démarche se confirmait, nous serions effectivement très éloignés des résultats d'une véritable élection, dès lors que ni Joseph Kabila ni Jean-Pierre Bemba ne seraient en mesure, chacun, de savourer sa victoire et de mettre en application les programmes sur lesquels ils auraient été élus. Sans doute que pour certains de nos partenaires, s'agit-il là de la seule démocratie valable pour les nègres de tous les tropiques. Mais alors, à quoi aura-t-il servi pour la Communauté internationale de s'investir tant, et pour les candidats de dépenser autant d'argent et d'énergie si, à la fin, le résultat devait être le retour honteux au système 1+4 revu et corrigé, ainsi qu'à la case départ - ironie du sort ou juste retour des choses - du partage équitable et équilibré du pouvoir !Voilà pourquoi et comment on fait toujours, dans ce pays, le lit d'Etienne Tshisekedi ! Voilà pourquoi et comment, à cause du mépris et de l'aveuglement d'une certaine Communauté internationale, le leader de l'Udps aura eu raison d'enseigner aux Congolais que tant que les grandes puissances et certains pays africains continueront de s'ingérer dans les affaires de la RD Congo, il n'y aura jamais de perspective d'une élection honnête, crédible, libre, démocratique et transparente, il n'y aura jamais de perspective pour que les Congolais se retrouvent entre eux, sans ingérence extérieure, discutent honnêtement ensemble et tracent la main dans la main le chemin de leur avenir. A partir de là, la Communauté internationale peut à loisir tourner et retourner la question : sa gestion du processus électoral permettra-t-elle ou non au Président national de l'Udps de rebondir sur les irrégularités et le mépris affiché à l'égard des Congolais pour surfer sur la corde du nationalisme ?
Les grands perdants.
La même question s'adresse à JP Bemba généralement donné comme Premier Ministre du nouveau partage équitable et équilibré du pouvoir : est-il ou non conscient que la lame de fond qui l'a porté depuis le 27 juillet dernier retomberait et le laisserait nu pour rentrer dans le ventre de la terre d'où elle était sortie ? Est-il conscient que face à l'immensité du désaveu qui saluerait son accord, il n'aurait même pas la garantie de rester cinq ans à la primature sans être démis et ridiculisé par les tireurs de ficelles et les véritables détenteurs du pouvoir ? Est-il conscient que la composition du nouveau gouvernement lui fera perdre beaucoup de temps et d'énergie jusqu'à provoquer des réactions déchaînées de la population, cette fois contre lui?Avec le leader du MLC, les autres grands perdants du nouveau deal seraient l'AMP et le RENACO qui auront, pour leurs animateurs, non seulement perdu l'initiative mais aussi et surtout, la capacité de dégager une majorité parlementaire homogène et d'envisager, sur cette base, la formation d'un cabinet uni autour d'un programme précis de gouvernement !Perdante aussi l'Eglise catholique qui aura appuyé, dans ses revirements répétitifs, un processus dont la régularité se révèle finalement être sujette à caution. Une Eglise catholique dont la rumeur dit qu'elle aurait subi les pressions du gouvernement allemand par le biais du Vatican ainsi plus sensible aux arguments de ceux qui méconnaissent toute dignité humaine aux Congolais qu'à l'expression de leurs aspirations légitimes par ces derniers. En fin des comptes, la seule gagnante dans ce tohu-bohu de type colonial serait encore et toujours la Communauté internationale, satisfaite d'organiser à sa manière des élections dites démocratiques et d'en modeler les résultats. Il ne lui restera alors qu'à tenter de deviner combien de temps tiendrait son échafaudage, les Congolais ayant déjà largement apporté la preuve de leur capacité à dissimuler leurs frustrations en attendant le meilleur moment de les exprimer… C'est tout l'enjeu des combinaisons actuellement en discussion.
Source: le phare.

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