04 août 2006

RDCongo: Résultats des scrutins: la fausse polémique


Par Jacques Kimpozo Mayala.

Tous les bureaux de dépouillement ayant déjà ficelé les procès-verbaux des résultats des scrutins de dimanche et lundi les ont affichés sur les façades des murs des sites ayant accueilli les électeurs, ainsi que le prévoit la loi électorale. Par conséquent, quiconque était intéressé par le verdict des urnes a pu les consigner dans son petit carnet. Les états-majors des partis politiques ont mis à contribution leurs statisticiens pour traduire en pourcentage les scores réalisés par leurs candidats dans les différentes circonscription électorales.
Alors que les chiffres sont à la portée du public et circulent abondamment dans tous les sens à travers la république et en dehors des frontières nationales, il est curieusement interdit à ceux qui ont pour mission de donner l'information de les relayer. Cet embargo est d'autant bizarre qu'il concerne des résultats véridiques, sanctionnés par des procès-verbaux signés par les membres des bureaux de dépouillement et les témoins des partis politiques et candidats indépendants. Bref, on a affaire à un secret de polichinelle que la Commission Electorale Indépendante demande à la presse de ne pas livrer jusqu'à l'échéance du 20 août 2006.Puisque l'on parle de violation de la déontologie journalistique, la relecture de cette matière, telle que réglementée par l'Observatoire des Médias Congolais en RDC, ne montre nulle par la faute commise par des chaînes de radio et de télévision ou journaux ayant diffusé les premières tendances des scrutins. Non seulement les résultats publiés ne sont pas faux, mais en plus ils sont tombés dans le domaine public. Par ailleurs, le fait de signaler qu'un tel candidat a battu tel autre par tel score, sur base des chiffres vérifiables par tout le monde, ne charrie aucune dose d'intox. Si le fait, pour les médias, de mettre à la portée du public des résultats électoraux authentiques représente une atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, la CEI aurait mieux fait d'instruire les responsables des bureaux de dépouillement de ne pas les afficher. En tout cas, jusqu'à preuve du contraire, la presse ne voit pas ce qu'on lui reproche exactement. Traditionnellement d'ailleurs, dans les pays de vielle démocratie, les soirées électorales sont justement réservée à la diffusion des résultats partiels et aux commentaires y afférents.
CCTV, CKTV et Digital CongoLe ministre de la Presse et Information, Henri Mova Sakani, est intervenu sur Digital pour annoncer que le Chef de l'Etat, Joseph Kabila, caracolait en tête dans les provinces de l'Est du pays. Canal Kin TV et CCTV ont quant à elles publié en pourcentages les scores de Jean-Pierre Bemba au Bas-Congo, à Kinshasa, au Bandundu, à l'Equateur (80 %), etc. A l'heure qu'il est, tous les candidats à la présidentielle comme à la députation disposent de tous les résultats partiels qu'ils ont glanés à travers le pays.Lundi et mardi, de nombreux candidats à la députation, après avoir pris connaissance de leurs scores, ont offert à boire et à manger à leurs sympathisants, amis et connaissance, dans une ambiance de fête. D'autres, malheureux perdants, affichaient des mines d'enterrement. En clair, le verdict des urnes est plus ou moins connu. Il ne reste qu'à la CEI dans un premier à la Cour Suprême de Justice dans une seconde phase de les confirmer.
Source: le phare.

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