13 novembre 2006

RDCONGO: La démocratie des urnes et le triomphe de l'hypocritite

Par JP MBELU
En lisant la presse de ces derniers jours, il y a, au sujet des élections présidentielles de la R.D.Congo, une constante qui saute aux yeux. Un journal belge, Le Vif Express note : « Les résultats officiels sont encore très partiels, mais indiquent une tendance : selon le site de la Commission électorale indépendante (cei-rdc.org), Joseph Kabila arriverait largement en tête au second tour de la présidentielle congolaise. Comme au premier tour, le chef de l’Etat est plébiscité dans les provinces de l’Est. Jean-Pierre Bemba, lui, l’emporte en Equateur, au Bas-Congo, à Kinshasa, mais aussi dans les deux Kasaï et au Bandundu. Le clivage Est-Ouest reste donc d’actualité. » (Congoforum du 11/11/06) L’auteur de cet article oublie de mentionner que le Centre et le Nord-Ouest rejoignent l’Ouest. Le journaliste de l’AFP, lui, mentionne le fait que « Jean-Pierre réalise son meilleur score dans son fief de l’Equateur (nord-ouest), où il rafle 96,7% des voix des 15 circonscriptions publiées (sur 27) de la province, sur fond de très forte participation (83,3%). Ses scores se tassent mais continuent d’être importants dans les deux Kasaï, oriental et occidental (centre), où il recueille respectivement 82,6% et 85,8% des voix en moyenne, mais pâtit d’une faible participation (39,8 et 44,9%). » (AFP du vendredi 10 novembre 2006). Cet article souligne que les résultats partiels témoignent de la victoire de Bemba dans onze circonscriptions du Bas-Congo (sud-ouest) et à Kinshasa. Ses scores contrastés au Bandundu n’enlèvent au fait qu’il termine en tête au Bandundu-ville.
En relisant ces deux articles, il semblerait que, selon les résultats partiels, Bemba gagne à l’Ouest, au Centre, au Nord-Ouest et au Sud-Ouest. « Joseph Kabila continue d’être plébiscité dans les circonscriptions de l’est du pays. Ses scores se maintiennent, entre en moyenne 84 % (province Orientale) et 98 % (Sud-Kivu et Maniema) des suffrages affichés dans les cinq provinces de l’est, où il bénéficie en outre d’une forte participation d’environ 73,5%). » (AFP)
PAR-DELA LES CHIFFRES
Ces chiffres sont récoltés au bout d’une campagne électorale pendant laquelle le deux prétendants à la présidence n’ont presque pas parlé de leurs projets de société et leurs programmes de gouvernement. Au cours de cette campagne, nos populations ont choisi par elles-mêmes ou sous l’influence des militants des deux camps la matière : les cadeaux, l’argent et/ou la congolité. (Si les appels de la HAM à centrer la campagne électorale sur les projets de société ont amusé la galerie, la réalité a été toute autre sur le terrain.)
A ce sujet, la Commission Diocésaine « Justice et Paix» de l’Archidiocèse de Bukavu note: «Comme le 30 juillet passé, le scrutin s’est déroulé dans le calme et sans irrégularités à part quelques cas isolés qu’on doit encore vérifier. La campagne électorale s’est bien déroulée aussi mais manifestement le peuple a plus écouté ceux qui donnaient à manger et à boire reléguant au second niveau les projets de société et le profil des candidats. Certains candidats l’ont bien compris et ont usé de la pacotille et de moins de 1$ pour gagner les gens à leur cause. Plusieurs années de guerre et de pillage interne et externe du pays sont à la base de cet état de chose.» (lire le communiqué de cette Commission sur Congoforum du 10/11/2006).
Donc, à Bukavu, la politique de la terre brûlée a porté ses fruits en prêtant flanc à la corruption et a ainsi permis le doute sur la thèse du choix de Joseph comme artisan de paix. Cela d’autant plus que le communiqué susmentionné atteste qu’ « en attendant les résultats du scrutin du 29 octobre 2006 : à Kalonge, Nindja, Kaniola et ailleurs à l’Est de la RD. Congo, les gens continuent à mourir », victimes des exactions des Rasta, des FARDC, des agents de l’ANR et des Interhamwe.
Ce qui est curieux est que malgré tous ces morts, depuis la guerre d’agression rwando-burundo-ougandaise, l’Est continue d’être plus peuplé que le reste du pays ! Jean-Pierre Bemba est aussi étonné que nous quand, écrivant au président de la CEI le 08/11/2006, au sujet des « anomalies et irrégularités » remarquées pendant l’affichage des résultats partiels, il affirme ce qui suit : « D’autre part, j’ai noté que dans les bureaux du Sud-Kivu, Nord-Kivu, Nord Katanga et du Maniema où les témoins de l’UNION POUR LA NATION ont été soit interdits d’accès dans les bureaux de vote, soit tout simplement chassés desdits centres, le taux des bulletins annulés est très élevé. En outre, contrairement au constat des observateurs nationaux et internationaux à la clôture du scrutin du 31 octobre 2006, le taux de participation y est subitement élevé. » (Lire Dans une lettre au président de la CEI, J.-P. Bemba relève les discordances des résultats dans Le Potentiel du 9 novembre 2006) Curieux !
Avant la campagne du deuxième tour de la présidentielle, Jean-Pierre Bemba, « en date du vendredi 06 octobre 2006, (…) a présidé une réunion (…) qui faisait suite à la découverte d’une tentative de fraude sur les listes et les bureaux de vote de l’ensemble du pays publiés le 28 septembre 2006. » (lire Fraudes électorales, le MPR/FP tire la sonnette d’alarme dans Le Phare du 26/10/2006).
Pour celui qui relit calmement et attentivement l’histoire du parcours électoral au Congo et qui remarque qu’il y a eu irrégularités et fraudes au niveau des résultats partiels affichés au deuxième tour de la présidentielle, la tentation serait de conclure que la tricherie est une constante sur laquelle est fondé tout le processus, avec la complicité des membres de la CEI et les membres d’un camp y participant. Et cette tricherie n’est pas à limiter aux élections ; elle est interne au processus au cours duquel l’argent volé aux Congolais(ses) a été utilisé pour acheter majoritairement leurs voix. Voilà ce que « les amis » du Congo nomment « faire preuve de beaucoup de civisme ».
C’est-à-dire vendre sa voix pour de la pacotille! Donc, quand ils affirment que la majorité de nos compatriotes a fait montre de beaucoup de « civisme », ils feignent de ne pas savoir que les gens manquant du pain et de l’eau sont tombés dans les filets des marchands de la pacotille ; qu’ils ont été achetés, pour la plupart, à moins de 1 $.
Que pourra signifier, demain, une légitimité politique fondée sur la tricherie, la fraude, le mensonge et la corruption ? Toute la question est là : une légitimité politique sans éthique. Encore une fois, une prime serait accordée aux pompiers-pyromanes déjà disposés (depuis le 7/11/2006) à débloquer 1000.000 de dollars pour « les orgies » couronnant « leurs exploits»! Donc, nous risquons pendant au moins cinq ans, de reavoir, au sommet de l’Etat, des hommes et des femmes sans foi ni loi, des fossoyeurs de l’économie nationale au nom des « orgies » auxquelles ne participent que ces nouveaux oligarques, prédateurs sans vergogne !
Donc, la mystification des résultats des élections participerait de cette « politique orgiaque » fabricatrice d’un petit cercle d’oligarques de tout bord et promotrice d’un discours obscurantiste dont nos populations ne tirent rien d’autre qu’un sentiment d’inutilité. Plusieurs d’entre elles, comme au temps du nazisme et du stalinisme commencent à sentir qu’ils sont de trop et s’offrent comme victimes sur les autels de la violence qu’entretiennent « ces petites mains » des réseaux prédateurs mondialistes.
RENONCER A LA VIOLENCE
Se laisser chauffer à blanc par des « malins » ayant mis à l’écart les leurs et ayant armé les forces de la mort contre une grande majorité de nos populations, c’est succomber au pouvoir de l’hypocritite, cet interdit de penser. Qu’avons-nous à mourir à cause de la bêtise de ceux qui ont fait du pouvoir pour le pouvoir une fin en soi et qui sont capables de se retrancher dans leur bunker, pendant que nous nous tirons dessus ou nous coupons à la machette, en attendant une éventuelle réconciliation sous l’égide des parrains ?
En effet, il n’était pas possible qu’après plusieurs décennies de clochardisation mentale, imaginaire et matérielle, nous puissions accéder à notre autonomie comme par enchantement. Nous devons prendre du temps pour « nous reconstruire », pour refaire notre relation au pouvoir quel qu’il soit et comprendre que nous sommes capables, avec le temps, de transformer les oligarques de demain en « gouverneurs de la rosée » si nous arrivons à nous faire à l’idée que 50.000.000 Congolais(ses), c’est plus qu’une bombe ; si nous arrivons à occuper, de manière interconnectée, une parcelle de pouvoir, partout où nous nous trouvons. C’est-à-dire si nous commençons par avoir le sens de notre honneur, de notre dignité d’humains et de créateurs en commun de notre bonheur collectif. Cela ne s’improvise pas ; ça s’apprend. Le civisme commence par là.
Au vu de notre mobilisation au seuil d’une autre ère qui pointe à l’horizon, il y a lieu de dire que, malgré tout, quelque chose a bougé dans nos têtes, nos cœurs et nos esprits. Nous n’acceptons plus d’être traités de rebus de l’humanité. Il y a comme une prise de conscience généralisée de notre être congolais et de notre désir d’autodétermination chez plusieurs de nos compatriotes. Pourvu que ça dure !
Au vu de notre attachement sentimental à l’un ou l’autre leader politique en lice, il y a lieu d’affirmer que nous avons encore du chemin à faire sur la voie de la dépersonnalisation de notre engagement civique et politique pour une lutte qui place la mise sur pied des institutions stables et justes au sommet de nos priorités. Car les hommes passent et les institutions restent.
Au vrai, il n’ y a pas d’institutions sans animateurs. Notre souhait aurait été que nous ayions des animateurs institutionnels répondant à un certain profil. Hélas, notre diversité ne favorisera pas du jour au lendemain un consensus autour d’un seul profil. Ceux qui, pendant longtemps, ont manqué du pain peinent encore à comprendre que l’homme ne vit pas seulement du pain. Et que le pain que les nouveaux prédateurs leur donnent pour acheter leurs consciences est celui qu’ils lui ont chipé. Les oligarques-mangeurs peinent à renoncer au pouvoir politique conçu comme accès à la mangeoire. « Les petites mains du capital » recourent au dieu-argent pour remettre dans les rangs les plus radicaux de nos «politicailleurs».
Eu égard à cette diversité réelle, il aurait été préférable que, regardant la réalité en face, nous défiions la démocratie des urnes en acceptant la scission du pays : l’est allant à Joseph et le reste à Jean-Pierre Bemba. Mais voulant nous voiler la face, nous répétons à tue tête que le Congo est un et indivisible sans dire comment, en dehors du recours à la violence, nous allons canaliser les frustrations de tous ceux et de toutes celles qui, par leur vote, ont refusé que Joseph ou Jean-Pierre règne sur eux.
Une autre possibilité serait que nous pensions à une gouvernance alternée comme à San Marino ; chacun d’eux gouvernant pendant six mois. Le Parlement se pencherait-il sur une pareille question ? Lui viendrait-elle à l’esprit ?
Mais nous nous trouvons insérer dans un schéma préétabli de la démocratie des urnes où les résultats ne sont pas lus et interprétés de manière à donner satisfaction à tous les électeurs et à toutes les électrices. Pourquoi nous entêtons-nous à reconduire un mode de choix des gouvernants dont l’histoire nous échappe et qui est géré au jour d’aujourd’hui par « les petites mains du capital » ?
Donc, par-delà Joseph et Jean-Pierre, nous nous refusons de remettre en question une démocratie des urnes instrumentalisée par « les missionnaires de la mondialisation » et leurs hommes et femmes liges. Ainsi nous contentons-nous de ne faire rien d’autres pendant ce temps que de compter. Avec la démocratie des urnes instrumentalisé par « la sorcellerie capitaliste », penser devient compter, calculer.
Dans ce contexte, la violence peut être une issue à notre incapacité de nous penser autrement que comme le veulent « les maîtres du monde et ceux qui leur obéissent ». Et elle est contre-productive ; elle passe à côté de l’essentiel : penser notre condition historico-politique et sociale par nous-mêmes. Dans notre grande majorité. Et penser est au bout du recueillement et de la méditation ; au bout de l’habitude d’être avec soi-même et avec les autres et non dans les bruits des bottes, des drones et des machettes.
Donc, si nous voulons sauvegarder l’unité de notre pays (d’en haut en oubliant qu’elle peut aussi être construite d’en bas) dans les respect du schéma préétabli de la démocratie des urnes (sans campagne électorale), un travail de fourmi, semblable à celui qui a été fait lors du deuxième tour de l’élection présidentielle devrait se poursuivre pour des lendemains qui chantent. Sur ce point, il y a lieu d’admirer la procédure suivie (jusque-là) par les membres de l’UN et leur président. Ils partent des preuves dont ils disposent pour questionner les résultats affichés. Une procédure exigeante mais beaucoup plus payante, à terme, que l’usage de la force brute. Elle fait appel à l’intelligence, à la sagesse et à une action informée.
Parler à partir des preuves est un trajet d’apprentissage pouvant nous rendre efficaces demain si nous reconquérons une telle manière d’agir au niveau de nos collectifs et associations locaux.
Arriver à imposer un deuxième tour des élections présidentielles, en relever les irrégularités et les autres discordances, les traiter sur la place publique, avec colère mais sans violence, est un exploit dans le traitement rationnel de ce qui nous arrive ensemble. Nous engager sur une pareille voie peut être porteur de bonheur collectif partagé. A terme !
Quand nous évoquons la question des irrégularités, des fraudes et des tricheries dont serait émaillé le deuxième tour de la mascarade électorale chez nous, il n’est pas rare d’entendre certains compatriotes dire : « C’est la première fois. C’est normal qu’il y ait des irrégularités, des fraudes et des tricheries. L’essentiel est que nous ayions des dirigeants issus des urnes. »
Ce raisonnement de plus en plus récurrent ne tient pas compte du fait que ces élections étaient voulues « démocratiques, libres et transparentes ». Il bat en brèche toutes les valeurs démocratiques de justice, de justesse, de vérité, de sincérité, de respect des engagements prix, de la parole donnée, etc. Selon ce raisonnement, du moment que nous avons des élus issus des urnes, la liberté et la transparence peuvent disparaître comme valeurs sur lesquelles la troisième république peut être bâtie. Ce raisonnement crée un cercle vicieux qui ne repose la question des insuffisances de la démocratie des urnes dans un contexte où la culture politique est la chose la moins partagée. Dans ce contexte, la rationalité de la démarche entreprise par l’UN est interprétée facilement comme une invitation de nos populations au soulèvement !
Il semble aussi que le problème serait lié au déficit informationnel. Quand l’UN parle des irrégularités, des fraudes et des tricheries, qu’y a-t-il derrière ces termes ?
A cette question, les réponses de la presse dite internationale ne nous avancent pas beaucoup.
I. Revenons aux lettres de Jean-Pierre Bemba
Les lettres du Président de l’UN telles que nous les lisons sur l’un des sites congolais les plus fréquentés par nos compatriotes sont adressées au Président de la CEI et ont quatre concernes :
1. anomalies et irrégularités (la lettre du 08/11/200)
2. infiltration des faux bulletins de vote au centre de compilation du Bandundu (09/11/2006)
3. irrégularité et anomalies (09/11/2006)
4. ampleur du vote par dérogation (10/11/2006)
Les anomales et les irrégularités dénoncées dans la lettre du 08/11/2006 concernent le taux élevé des bulletins annulés dans les centres « où les témoins de l’UNION POUR LA NATION ont été soit interdits d’accès, soit tout simplement chassés. » Ces centres sont cités. Il s’agit du Sud Kivu, du Nord Kivu, du Nord Katanga et du Maniema. Il y a aussi « le taux de participation (…) subitement très élevé » dans ces centres « contrairement au constat des observateurs nationaux et internationaux à la clôture du scrutin au 31 octobre 2006 »
Dans la première lettre du 09/11/2006, Jean-Pierre Bemba écrit ce qui suit : « Mes représentants en provinces porte à ma connaissance (…) que près de six mille (6000) bulletins de vote supplémentaires ont été introduits dans les centres de vote n° 3486 et 3489. Cette opération a été soutenue par Messieurs Paty, Ezazo et Moku tous membres du bureau de liaison et du CLCR Bandundu. » Ces bulletins signés par les responsables de la CEI ne portent pas les signatures des témoins de l’UN.
La deuxième lettre du 09/11/2006 mentionne la plainte introduite par le Professeur Célestin Dimandja, coordinateur de la campagne du Président de l’UN à Lodja. Cette plainte porte sur « la non délivrance des procès-verbaux des bureaux de vote de la circonscription électorale précitée, en vue de certifier la fiabilité des résultats du vote. » Cette lettre fait aussi allusion à certains plis ouverts,d’autres mélangés et d’autres encore non parvenus à destination. Les codes des plis, les numéros des centres et bureaux incriminés sont mentionnés.
La lettre du 10/11/2006 rend compte de l’examen des fiches synthétiques des résultats des élections présidentielles du 1er et du 2ème tour. Le Président de l’UN est « surpris par l’ampleur des votes par dérogation dont l’impact sur le résultat final se situe entre 8 et 10% du corps électoral, soit environ 1000.000 votant par cette voie au demeurant organisée par les disposition de l’article 59 de la loi n° portant organisation des élections présidentielles, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales. » Le nombre de votants par dérogation se chiffre à plus ou moins 20 par bureau de vote.
II. La grandeur de cette démarche
Toutes ces lettres tiennent à sauvegarder la crédibilité, la fiabilité et la transparence du processus électoral. Au sujet des bulletins annulés par exemple, Jean-Pierre Bemba écrit : « Afin de préserver la crédibilité de ce scrutin, je demande à la plénière de la CEI la vérification des données sur les territoires repris sur les documents en annexe. » Traitant des bulletins infiltrés, il estime que « pour assurer la transparence du processus électoral (…), un nouveau contrôle desdits bulletins de vote ainsi que des procès verbaux y afférents serait indispensable pour la crédibilité des élections que nous avons tous voulues transparentes, libres, apaisées et démocratiques. » Quand il aborde la question du vote par dérogation, le Président de l’UN demande au Président de la CEI de « justifier de manière contradictoire chacun des votes par dérogation qui sont de nature à fausser l’expression démocratique du peuple et ainsi troubler l’ordre public. » Et il explicite ce qu’il entend par justification. « Par justification, j’entends la motivation circonstanciée de chaque vote par dérogation suivant les termes de la loi, à savoir l’identité du votant, le motif de la dérogation accordée et le lieu de résidence habituelle du votant. »
La grandeur de cette démarche est dans sa rationalité. Elle exige pour des raisons de crédibilité, de fiabilité, de transparence et de paix la vérification des données électorales faussées, omises ou surajoutées. Elle exige même « une justification de manière contradictoire(de) chacun des votes par dérogation » par respect pour la démocratie et l’ordre public.
La réponse à une telle démarche ne peut être un appel à la police ou à l’armée pour sévir là les réponses précises sont attendues.
A moins que ces lettres soient « des faux », il est sage que l’un de ces quatre matins, nous lisions les réponses qui leur seront réservées. Le vote est un acte public. Sa mystification relève de la mentalité sorcière tirant parti de la psychose que veulent entretenir ceux et celles dont les desseins sur l’avenir de notre pays sont flous.
III. Quelques constats
Les centres et les bureaux de vote incriminés n’ont pas été gérés par les occidentaux. Messieurs Paty, Ezazo et Moku, membres du bureau de liaison et du CLCR Bandundu, ne sont pas des occidentaux. S’il y a eu au moins 20 votes par dérogation à travers les 50.045 bureaux de vote du pays, une grande complicité a existé entre les membres de toute la CEI, une institution d’appui à la démocratie congolaise dont la crédibilité laisserait à désirer. A moins que ces congolais soient les chiens de garde de grands réseaux maffieux opérant chez nous, il serait temps que nous puissions rompre avec la politique de la bouc-émissairisation qui consiste à accuser l’autre pour justifier nos insuffisances morales, éthiques, politiques, etc. Explicitions un peu. Les Congolais(ses) acceptent de s’impliquer dans un processus hétéronome de la démocratie des urnes en disant qu’ils veulent des élections démocratiques, libres, transparentes et apaisées. Au moment de ces élections, plusieurs d’entre eux mettent une croix sur les valeurs. Ils accusent ceux et celles qui les évoquent (encore) de fauteurs de trouble. Ils se corrompent mutuellement à travers les bureaux de vote, ils pratiquent le favoritisme, le clientélisme. Après, ils se font mutuellement peur parce qu’ils ne veulent pas qu’on parle à haute voix de leurs forfaitures en prétextant qu’il faut préserver la paix (inexistante) Et au bout du compte, ils mettent tout sur le dos des occidentaux en se contentant de leur position d’éternels victimes !
Et puis, comment l’UN a-t-elle continué à faire confiance en une institution ayant créé des bureaux fictifs et les ayant maintenus sur ses CD ? (Cfr Fraudes électorales, le MPR/FP tire la sonnette d’alarme dans Le Phare du 26/10/2006)
Il faut avouer qu’il y a fondamentalement quelque chose qui ne va pas. Nous souffririons d’une incapacité pathologique à vouloir (faire) notre propre bien par action et/ou par omission. C’est le jour où, tous ensemble, nous renoncerons à la politique victimaire, que nos pays sortiront du bourbier où nous les maintenons d’abord par notre faute, nos égoïsmes et notre réduction du temps à celui donnant un accès immédiat à la mangeoire sans aucun souci du lendemain.
Lula da Silva, Evo Morales, Hugo Chavez, Daniel Ortega et leurs peuples ont prouvé que les peuples qui veulent s’autodéterminer peuvent y arriver. Malgré leurs fragilités, ils ont fait des options réfléchies pour un bonheur collectif partagé et ils réussissent leur pari. Lula est à son deuxième mandat. Nous, nous contentons des plaintes et des accusations de nos boucs émissaires. Une méthode trop facile pour être efficace ! C’est ridicule et honteux !
Si nous n’adoptons pas des politiques réfléchies pour rompre avec la médiocrité, la facilité et la bouc-émissairisation, nous tournerons toujours en rond. Nos boucs émissaires reviendront davantage nous recoloniser, ils s’empareront de nos sols et de nos sous-sols et nous laisserons à nos danses, à nos orgies. Nous aurons aussi nos yeux pour pleurer dans nos choix fous du sado-masochisme.

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